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206. nouveaux succès et mort de duguesclin. — mort du roi. — La guerre recommença en 1377, après une courte trêve pendant laquelle Édouard III descendit lui-même au tombeau. Une nouvelle armée, non moins considérable que la précédente, débarqua à Calais avec trente mille chevaux ; on la laissa traverser encore sans grande bataille tout le pays de Calais à Bordeaux. En arrivant dans cette ville, elle avait perdu tous ses chevaux, et elle était réduite au tiers de ses soldats. Enfin, les Anglais ne possédaient plus en France que les places maritimes de Calais, Brest, Bordeaux et Bayonne, quand Duguesclin mourut en assiégeant Châteauneuf de Randon[1], que défendait une garnison dévouée aux Anglais. Cette place, après avoir soutenu plusieurs assauts, avait promis de se rendre, si elle n’était secourue dans un délai de quinze jours. La mort du connétable survint dans cet intervalle. Mais le gouverneur n’en fut pas moins fidèle à sa parole, et, au terme fixé, n’ayant pas reçu de renforts, il vint loyalement déposer les clefs de la place sur le cercueil de Duguesclin. Charles V mourut deux mois après son fidèle serviteur.

207. Administration de Charles V. — Non-seulement ce prince avait prévenu le retour de grands désastres comme ceux de Crécy et de Poitiers, en s’entourant de généraux tels que Duguesclin, Olivier de Clisson et Boucicaut, et en adoptant un nouveau système de guerre ; mais il sut aussi réparer les maux de la France par son habile administration. Il fut secondé dans cette noble tâche par des ministres tirés de la bourgeoisie, Bureau de la Rivière, Philippe de Savoisy, Hugues Aubriot et d’autres. Le grand nombre et l’importance de ses ordonnances témoignent du soin et de l’activité avec lesquels il chercha à fortifier l’autorité royale aux dépens de la noblesse : interdiction des guerres privées, substitution définitive des légistes aux barons dans le Parlement, qu’il rendit perpétuel[2] ; levée régulière des impôts, bonne administration des revenus de l’État, justice rendue gratuitement aux pauvres, stabilité du taux des monnaies si souvent

  1. À 24 kil. N. de Mende (Lozère).
  2. Auparavant les conseillers étaient élus chaque année.