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LES TROIS PEUPLIERS

en route avec le désir de dérouler les concurrents. Nous avons parcouru la Bretagne, où nous vous avons rencontrés… Et, maintenant, l’oncle Procope empêchera tous les concurrents d’approcher de la cachette du trésor.

« — Ça, c’est épouvantable, dis-je indigné. Mais pourquoi restez-vous avec lui puisqu’il est si méchant ?

« — C’est notre tuteur… Il n’est pas méchant, il est faux… »

« Comprenez-vous un garçon qui prononce une parole aussi grave ? J’en étais abasourdi.

« — Écoutez, repris-je, vous avez eu confiance en moi ; je ferai tout mon possible pour vous venir en aide. J’espère que Charles trouvera le trésor. Lorsque nous verrons M. Toupie, — c’est vous-même qui m’avez dit que lui et son trésor se trouvent par ici, — je vous promets que nous tenterons tout, avec mon ami Charles, pour vous tirer des griffes de votre oncle. »

« Il me tendit la main. Ce fut tout. Au moment d’arriver au Puy, je lui donnai mon nom et mon adresse. Il ne voulut pas en prendre note, de crainte que Procope ne trouvât le papier. Quant à eux, nous saurons bien leurs noms dès que nous verrons M. Toupie. Voilà. »

Un silence suivit les dernières paroles d’Arthur. Colette ouvrait de grands yeux effarés. M. Tourneur fit entendre un : hum ! hum !

Paul murmura :

« Bizarre, cette histoire ! »

Cette phrase rompit la sorte d’anxiété dans laquelle ce récit avait plongé l’assistance.

Tandis que chacun se plaisait à énoncer les plus baroques réflexions au sujet de M. Toupie, de Procope et de ses deux neveux, Charles souffla tout bas à Arthur :

« Tu es le meilleur ami du monde.

— Oh ! tu en ferais autant si tu étais à ma place. »

À ce moment, Colette s’écria de sa voix un peu pointue :

« Eh bien ! moi, ce que je trouve de plus merveilleux dans tout cela, c’est Arthur !

— Bravo ! À l’unanimité, nous proclamons Arthur le modèle des amis. »

Sur cette parole de Mme Saint-Paul, on se leva de table et on passa dans le salon. Mais M. Tourneur déclara qu’il était fort tard et qu’on avait besoin de repos. Mlle Marlvin fut de son avis, car elle trouvait que les enfants étaient terriblement surexcités.

On prit congé de Mme Saint-Paul. Elle embrassa tendrement Élisabeth. Colette se haussa sur la pointe des pieds pour recevoir elle aussi un baiser.

« Ah ! madame, dit-elle, si vous saviez comme je suis contente d’avoir connu Élisabeth. »

Tous les invités reprirent le chemin de leurs demeures.


LES TROIS PEUPLIERS.



Il résultait de certains des propos tenus par Procope et par son neveu Gaston : 1o que M. Toupie habitait dans la région du Puy ; 2o que c’était dans cette région, très probablement, que se trouvait caché le trésor.

Avant de se mettre au lit, Charles, Arthur et Paul Dambert s’entretinrent de ce qu’il fallait faire. On convint que, dès le lendemain matin, on se mettrait en campagne. Charles souhaitait retourner du côté de Roques et pousser, par Cayres, vers le lac du Bouchet. Sa proposition fut acceptée d’enthousiasme.

Paul Dambert déclara que lui et sa sœur ne participaient désormais aux recherches que de façon tout à fait désintéressée et qu’ils n’avaient d’autre désir que d’aider Charles.

Après quoi, on se sépara en se souhaitant bonne chance pour le lendemain.

À sept heures du matin, les trois explorateurs étaient debout et prêts à partir. Le moteur de l’automobile jaune fut mis en marche et la voiture fila bientôt dans la campagne, sur la belle route qui va du Puy à Langogne. Ils ne faisaient pas du « cent vingt », parce qu’à cette heure matinale la route était encombrée de paysans, de troupeaux qu’on conduisait aux champs, et de charrettes qui portaient au marché du Puy des légumes, du beurre, des fromages et des œufs.

« Tenez, disait Arthur, qui voyait