sée ! Tu nous as fait faire en quittant Arles du cent-vingt à l’heure et maintenant…
— Eh bien, maintenant, vous êtes trois pour chercher et découvrir le trésor. Alors… je préfère me reposer.
— Te reposer, toi ? s’écria Paul stupéfait.
— Eh oui ! répondit Colette avec un peu d’impatience… Je préfère rester avec Élisabeth.
— Oh ! comme cela me ferait plaisir ! s’écria celle-ci.
— Tiens, dit Paul, j’avais envie d’emmener Mlle Élisabeth en promenade avec moi.
— Qui s’occuperait de mes petits frères et de ma sœur Marie ?
Colette se redressa et regarda la figure d’Élisabeth qui avait un peu rougi en disant ces mots ; elle devinait que sa jeune amie aurait accepté de faire la promenade avec un réel plaisir. N’avait-elle pas dit, un instant auparavant, qu’elle n’était jamais montée dans une automobile ?
Colette, pour la première fois peut-être de sa vie, réfléchit, et immédiatement une idée lui vint du cœur.
« Écoutez ! Écoutez ! Élisabeth ira avec Paul en auto… et ils feront de la vitesse ; pendant ce temps, moi, je soignerai ses frères et sa sœur. »
Personne n’eut envie de rire en entendant cette proposition, sauf Paul qui regarda ironiquement sa sœur. Colette comprit, car elle ajouta vivement :
« Non ! non ! Ce n’est pas ça qu’il faut faire… Nous confierons les enfants à Mlle Marlvin.
— Mais nous ne pouvons demander un tel service à Mlle Marlvin, dit M. Tourneur.
— Oh ! tranquillisez-vous, répondit Colette d’un ton assuré. Pourvu que Mlle Marlvin n’aille pas en automobile, elle surveillerait volontiers cent cinquante diables d’enfants ou conduirait à la foire un troupeau de petits cochons. »
Tout le monde de rire en entendant la phrase de Colette.
« Où nous dirigeons-nous ? demanda Arthur.
— Eh bien ! dit Charles, suivons le conseil d’Élisabeth, allons à Polignac. »
Le repas prit fin et, après avoir bu un café exquis, les convives se séparèrent.
harles et Arthur prirent leurs
bicyclettes et filèrent sur Polignac, Paul
avait décidé d’explorer en automobile
le pays du côté de Fay-le-Froid.
Comme il eût été incorrect de prévenir
brusquement Mlle Marlvin qu’elle avait
à garder les enfants, Élisabeth renonça
à l’accompagner. Colette et elle s’assirent
sur des chaises basses prés de la
table à ouvrage, à côté d’une grande
corbeille remplie de bas, de chaussettes
de toutes couleurs. Comme Colette ne
savait pas raccommoder les bas, Élisabeth
commença à lui apprendre à
faire une reprise ; tout en travaillant,
les deux fillettes bavardaient et se
racontaient leurs vies, combien différentes !
Et, pourtant, Élisabeth ne se
plaignait pas ! Colette l’écoutait avec
stupeur et admiration. Le reprisage
terminé, Colette aida Élisabeth à préparer
des confitures.
Charles et Arthur avaient pris la grande route qui mène à Saint-Paulien. Puis, ils s’engagèrent sur une autre route qui se dirige vers Polignac.