de l’aspect de sa chambre où tout était en désordre ; mais son orgueil prit bien vite le dessus et, secouant la tête, elle tendit ses mains et dit d’un ton dégagé :
« Bonjour, mademoiselle Élisabeth : je suis bien contente de faire votre connaissance.
— Et moi je suis heureuse de vous rencontrer, » répondit Élisabeth.
Cette dernière pensait : « Comme elle est drôle, la nouvelle amie de Charles, avec ses cheveux courts et son petit air volontaire. »
Mais la glace ne se fondait pas entre les deux enfants. Il fallut pour cela l’arrivée bruyante de Charles et d’Arthur que Paul était allé chercher.
« Bonjour, Élisabeth ! Quel bonheur de te revoir !… Comme tu as grandi !… Comme…
— Présente-moi… présente-moi, souffla Arthur en tirant son camarade par la manche.
— Élisabeth, je te présente mon fidèle ami, Arthur Treillard.
— Mais je le connais bien. Dans ses lettres, ajouta-t-elle en s’adressant à Arthur, Charles parle sans cesse de vous.
— Et je suis sûr qu’il ne vous a dit que du bien de moi !…
— Oh ! non ! pas toujours, répondit Élisabeth en riant.
— Et de moi ? demanda Colette.
— Mademoiselle, Charles m’a simplement écrit que vous étiez une petite fée dont l’aide augmente toutes les chances qu’il a de découvrir le trésor de M. Toupie. »
Colette rougit de plaisir.
« Voyons, mes enfants, s’écria Paul, vous avez l’air figé. Qu’allez-vous faire ? car, moi… »
Alors les quatre enfants lancèrent à la fois les propositions les plus variées.
« Venez chez nous… nous déjeunerons…
— Allons sur les rochers…
— Explorons les environs…
— Prenons l’automobile.
— Attendez… quelle heure est-il ? demanda Paul en tirant sa montre.
— Onze heures et demie, s’écria Élisabeth. Ah ! mon Dieu, il faut que je rentre, Que dira papa s’il ne me trouve pas à son retour à la maison ?
— Nous… commencèrent Colette Arthur et Charles.
— Vous déjeunez tous à la maison, c’est convenu avec Mile Marlvin, n’est-ce pas, monsieur Paul ? dit Élisabeth.
les deux fillettes se trouvèrent face à face.
— Oui… oui… Mlle Marlvin a demandé qu’on la laisse se reposer aujourd’hui. J’ai accepté l’invitation de Mlle Élisabeth… à la condition toutefois que mes trois compagnons n’échapperont pas à ma surveillance, car…
— Tu n’as pas besoin de raconter ces histoires anciennes, interrompit brusquement Colette.
— Si… si… car c’est trop drôle… Figurez-vous… » commença Arthur…
Les enfants sortirent de l’hôtel : mais avant de partir Colette embrassa Mlle Marlvin rentrée quelques instants auparavant.
Arthur, d’une façon très spirituelle, raconta le voyage d’Argelès à Saint-Savin, la rencontre avec les Dambert et le résultat de sa légèreté, etc… Ils arrivèrent fort gaîment à la demeure d’Élisabeth Tourneur. Tout en cheminant, Charles et Arthur jetaient des coups d’œil sur les maisons ; ils regardèrent, tandis qu’on traversait la place du Breuil, la statue de la Vierge qui