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LE TRÉSOR DE M. TOUPIE

d’une table fleurie. Le repas avait été commandé par Paul.

Arthur était encore confus de son équipée de la veille ; quant à Colette, avec son insouciance habituelle, elle proclamait que tout s’était terminé très heureusement et que le voyage allait devenir supérieurement amusant parce qu’elle avait trouvé un ami de son âge.

« Où irons-nous maintenant ? demanda-t-elle dès que les convives furent tous assis.

— Mais je suppose, déclara assez fermement Mlle Marlvin, que cette dernière aventure suffira et que nous allons reprendre le chemin de la maison.

— Oh ! non ! s’écria Colette. Je veux aller au Puy.

— Au Puy, pour quoi faire ? »

Colette se vit dévisagée à la fois par Charles, par Arthur, par Paul. Le premier se demandait si Arthur n’avait pas commis encore une indiscrétion, le second lui faisait signe pour lui recommander le silence, le troisième qui avait deviné le but du voyage de Charles et d’Arthur se disait : « Ma sœur est une petite maligne. »

Mais Colette prit la figure la plus innocente du monde et dit simplement :

« Parce qu’Arthur m’a parlé d’une petite fille, une amie de M. Charles, qui demeure au Puy et parce que j’ai envie de faire sa connaissance.

— Justement, je reçois une lettre d’elle à l’instant, dit Charles. Je ne l’ai pas encore lue… Nous irons peut-être la voir pendant ces vacances.

— Allons-y… Allons-y… Vous viendrez avec nous en automobile, n’est-ce pas, Paul ?

— Je ne demande pas mieux… Quand la voiture sera réparée, ce qui, je l’espère, ne tardera guère, car j’ai fait venir un mécanicien d’Argelès. Si tout le monde est réuni dans l’automobile, au moins on ne se perdra pas… »

Les convives se mirent tous à rire, exceptée Mlle Marlvin, très mécontente de la prolongation du voyage, et Arthur, dont la figure, devenue subitement cramoisie, indiquait que sa conscience n’était pas tranquille…



UNE LETTRE D’ÉLISABETH



Dans la matinée, Charles avait pris soin de parcourir en détail Saint-Savin. Il avait visité l’église et la chapelle de Piétat, et noté l’existence, sur la place, des vieilles maisons à arcades. La Vierge byzantine en bois sculpté, remontant à l’époque des Croisades, qui se trouve dans l’église ne lui avait pas échappé, mais évidemment cette statue ne reposait pas sur un rocher. Allons ! ce n’était pas encore ici que l’on trouverait le trésor de M. Toupie. Une fois de plus, il s’était trompé !


charles trouvait le temps long.

Assez attristé, il n’avait pas encore fait part à Arthur du résultat de ses investigations, car il voulait d’abord prendre connaissance de la lettre d’Élisabeth.

Pour la lire, il se rendit de nouveau prés de la chapelle de Piétat.

La terrasse dominait le gave, et au loin les sommets neigeux des Pyrénées faisaient paraître sombres les vallées.

« Figure-toi, écrivait Élisabeth, que toute la ville est en émoi. Il arrive chaque jour des gens qui cherchent le trésor de M. Toupie ; bien entendu, ils n’indiquent pas le but de leur voyage, mais tout le monde le devine.

« Des garçons de douze à quinze