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COLETTE ET ARTHUR SE FONT DES CONFIDENCES

— Nous aussi…

— Nous allons à Saint-Savin.

— Nous aussi…

— Peut-être irons-nous au Puy. Charles y a une amie, Élisabeth, qui lui écrit de temps en temps. Il paraît que des concurrents se sont dirigés de ce côté.

— Dieu, que c’est amusant ! Quelle chance que l’automobile ait eu cet accident ! Nous allons voyager ensemble ! Que je suis donc contente ! »

Et Colette battait des mains, tout en retenant sa bicyclette qui menaçait de tomber.

« Mais vous m’avez promis le secret !… s’écria Arthur inquiet.

— Mais oui ! Mais oui ! N’ayez aucune crainte. C’est notre secret à tous les deux. Mais je crois que nous ferions bien de nous dépêcher, car ils nous attendent là-bas.

— Oh ! c’est vrai !… »

Les deux enfants remontèrent à bicyclette et atteignirent bientôt Saint-Savin.


des paysans regardaient les arrivants.

Saint-Savin est un joli site, d’où l’on a vue sur la vallée du gave de Pau. On y remarque les restes d’une abbaye élevée, dit-on, par Charlemagne, et qui aurait servi de retraite à l’ermite saint Savin, fils d’un comte de Barcelone, ainsi qu’une très ancienne église romane. Sur la place du bourg se dressent de vieilles maisons, infiniment curieuses, avec des arcades en bois, et une croix de pierre portant la date : 1783. Quant à la chapelle de Piétat, un monument du xviie siècle dont la description s’était imposée à l’esprit de Charles Lefrançois, elle se trouve sur une plate-forme dominant la route.

Mais Colette et Arthur ne firent pas, pour le moment, attention à toutes ces vieilles choses. Ils cherchaient un hôtel ou un garage d’automobiles. Comme ils n’en trouvaient pas à l’entrée du bourg, Arthur s’adressa à un gros boulanger qui se tenait sur le pas de sa porte.

« Pourriez-vous m’indiquer un loueur de voitures ou d’automobiles ?

— Tenez, là-bas, vous verrez une enseigne : Caussade. »

Colette et Arthur, poussant leurs bicyclettes, se dirigèrent vers l’endroit indiqué. Ils virent, au-dessus d’une grande porte, une vaste enseigne où étaient peints, d’un côté un cheval attelé à une élégante voiture, et de l’autre une automobile de la meilleure marque. Au centre, le nom du loueur : Caussade. Mais la cour de cette maison était silencieuse, on n’apercevait nul être humain, pas un valet d’écurie, pas un cheval, pas même un chien : seules trois ou quatre poules picoraient ici et là, et un chat noir dormait sur l’appui d’une lucarne.

« Hé ! là ! cria Arthur, il n’y a personne ici…

— Hé ! là ! » répéta Colette d’une voix beaucoup plus pointue.

Comme le plus profond silence continuait à régner dans l’établissement, Arthur sortit et inspecta les alentours. Sur une porte, il vit le mot : Buvette.

« Très bien : là-dedans, je trouverai des cochers. »

Et il entra dans le petit café ; mais