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LE TRÉSOR DE M. TOUPIE

marais se dessécha lentement, et cela fut une source de richesses pour le pays ; des arbres entiers avaient été submergés. Ces arbres, maintenant, on les retire de l’ancien marécage ; une fois revenus à l’air, ils se durcissent, acquièrent une force de résistance extraordinaire, deviennent noirs comme de l’ébène, et leur bois sert à faire des meubles, de la marqueterie, etc…

— Cela va être joliment amusant de visiter tout ça, ne crois-tu pas ? conclut Arthur.

— Sûrement. Nous parcourrons le pays à bicyclette, nous descendrons dans les auberges, nous déjeunerons sur l’herbe… »

M. Treillard, mis au courant, approuva le projet de Charles. Arthur lui parla avec enthousiasme de la Bretagne et de tout ce que son ami lui avait dit sur la région qu’ils allaient parcourir.

« Au moins, pensa M. Treillard, cela va lui faire apprendre la géographie ! »

Le soir même, en effet. Arthur se plongeait dans la lecture de l’ouvrage sur la Bretagne dont lui avait parlé son ami ; son père l’entendait s’écrier de temps en temps à mi-voix :

« Ah ! Ah ! Fameux. Très intéressant. »

On aurait dit qu’il découvrait la Bretagne.

De leur côté, dans leur petit appartement de la rue de l’Orangerie, Charles et son frère Louis s’entretinrent affectueusement du voyage. Charles se voyait déjà en possession du trésor ; Louis, tout en ne voulant pas le décourager, essayait de calmer son enthousiasme en lui laissant remarquer que M. Toupie avait assemblé beaucoup de difficultés dont il fallait triompher. De nombreux concurrents sans doute s’étaient mis à sa recherche ; peut-être l’un d’eux avait-il même déjà trouvé le trésor.


le plus vieil invité porta un toast enthousiaste aux voyageurs.

« Que feras-tu pendant mon absence ? demanda Charles qui se séparait de son frère avec quelque tristesse.

— J’ai plusieurs travaux en cours. Et puis, tu sais qu’en été beaucoup de mes confrères s’absentent : je serai là pour les remplacer.

— Tu ne prendras pas de vacances ! s’écria Charles.

— Mais si. Lorsque tu auras trouvé le trésor de M. Toupie, j’irai te rejoindre et nous ferons un petit voyage tous les deux. »

Enfin, le jour de la distribution des prix arriva.

Charles obtint de nombreuses récompenses, car il avait admirablement travaillé durant toute l’année, et ses dernières compositions en particulier avaient été excellentes. Arthur, qui avait fourni un effort beaucoup moins considérable, n’obtint que quelques accessits.

M. Treillard avait nommé Charles trésorier de l’expédition, mais il avait eu soin de remettre aussi une certaine somme à Arthur : il était imprudent de mettre tous les œufs dans le même panier. Si Arthur, par une de ces étourderies dont il était coutumier, s’égarait ou manquait un train, il fallait bien qu’il pût prendre un billet ou une voiture. D’autre part, il était convenu que M. Treillard ferait parvenir de l’argent aux voyageurs lorsqu’ils en auraient besoin ; Arthur devait envoyer chaque dimanche et chaque jeudi, soit une lettre, soit une carte postale à ses parents. Louis n’exigea rien de Charles : il savait qu’il lui