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années à Paris. Pour nous, sans doute, nous ne pouvions pas avoir la prétention de donner une idée complète des beautés de ce chef-d’œuvre de l’art antique ; nous croyons toutefois que, même en restant de très loin au-dessous d’une perfection qu’il n’était pas même permis d’oser chercher à atteindre, l’artiste a su conserver assez fidèlement, dans l’ensemble de son travail, la pose, le mouvement, et le caractère général de la composition.

Il existe un nombre infini de commentaires sur le Laocoon. Quel en est l’auteur ? à quelle époque a-t-il été exécuté ? Virgile s’est-il inspiré de la contemplation de la sculpture, ou le sculpteur a-t-il puisé son inspiration dans la poésie de Virgile ? ces questions, et une foule d’autres, ont été débattues savamment dans une longue suite d’ouvrages d’esthétique.

L’avis de l’illustre critique allemand Winkelman est que le Laocoon a été exécuté du temps d’Alexandre-le-Grand, par le sculpteur Lysippus.

De son côté Lessing, poète et philosophe allemand, qui a écrit sur le Laocoon un volume entier, traduit en français par Vanderbourg, attribue l’œuvre à trois sculpteurs grecs, Agésandre, Polydore et Athénodore, tous les trois nés à Rhodes, et contemporains de l’empereur Titus.

Cette dernière opinion est fondée sur un passage du livre XXVI de l’Histoire naturelle de Pline, où il est fait mention d’un groupe de Laocoon, composé d’un seul bloc de marbre, et qui était un grand objet d’admiration pour les Romains.

En fait, le Laocoon, que les siècles ont respecté, a été trouvé derrière les Bains de Titus : il est vrai qu’il n’est pas d’une seule pièce ; mais il s’en faut de beaucoup que l’on doive toujours croire à là lettre les assertions de Pline.

Voici, sur le caractère de ce groupe, quelques réflexions de Winkelman, qui nous ont paru mériter d’être transcrites.

« De même que la mer, dit cet écrivain, demeure calme dans ses profondeurs, quelque agitée que pisse être sa surface, ainsi, dans les figures grecques, au milieu même des passions, l’expression annonce encore une âme grande rassise.

« Une telle âme est peinte sur le visage du Laocoon, au milieu des souffrances les plus cruelles ; la douleur qui se découvre dans tous les tendons et les muscles, et que la contraction pénible d’une partie de son corps nous fait presque partager, n’est mêlée d’aucune expression de rage sur les traits ou dans l’attitude entière. On n’entend point ici cet effroyable cri du Laocoon de Virgile ; l’ouverture de la bouche ne permet pas de le supposer, elle indique plutôt un soupir d’angoisse étouffée. La douleur du corps et la grandeur de l’âme sont réparties en forces égales dans toute la construction de la figure, et sont pour ainsi dire balancées.

» Exprimer une si grande âme, c’est faire bien plus que de peindre seulement la belle nature. L’artiste a dû sentir en lui-même cette force d’esprit dont son marbre porte l’empreinte ; la Grèce vit plus d’une fois le philosophe et l’artiste réunis dans la même personne ; elle eut plus d’un Métrodore. La philosophie, chez elle, tendait la main à l’art, et donnait aux corps de sa création des âmes supérieures. »




Le nom de Marie était autrefois en si grande vénération, qu’en certains pays il était défendu aux femmes de le porter. Alphonse IV, roi de Castille sur le point d’épouser une jeune Maure, déclara qu’il ne la prendrait qu’à condition qu’on ne lui donnerait point au baptême le nom de Marie. Parmi les articles de mariage stipulés entre Marie de Nevers et Vladislas, r6i de Pologne, il y en avait un qui portait que la princesse changerait son nom en celui d’Aloyse. On lit encore que Casimir Ier, roi de Pologne, qui épousa Marie, fille du duc de Russie, exigea la même chose de celle qu’il prenait pour femme.




AGRANDISSEMENS SUCCESSIFS DE LA FRANCE,

DEPUIS L’ÉTABLISSEMENT DE LA TROISIÈME RACE.

PROVINCES ET DÉPARTEMENS. ORIGINES des agrandissemens.
La Picardie (Somme) Seul domaine de la couronne.
L’Île de France (Aisne, Oise, Seine, Seine-et-Oise, Seine-et-Marne
L’Orléanais (Eure-et-Loir, Loir-et-Cher, Loiret)
Le Berry (Indre, Cher) Par achat, sous Philippe I.
La Touraine (Indre-et-Loire) Par confiscation, sous Philippe-Auguste.
La Normandie (Eure, Orne, Calvados, Manche, Seine Inférieure) Par confiscation et conquête, sous Philippe-Auguste.
Le Languedoc (Tarn, Haute-Garonne, Hérault, Aude, Gard, Ardèche, Haute-Loire, Lozère) Par héritage, sous Philippe-le-Hardi.
Le Lyonnais (Rhône, Loire) Par acquisition, sous Philippe-le-Bel.
La Champagne (Ardennes, Marne, Haute-Marne, Aube, partie de l’Yonne) Par mariage, sous le même.
Le Dauphiné (Isère, Drôme, Hautes-Alpes) Par donation, sous Philippe-de-Valois.
Le Poitou (Vienne, Deux-Sèvres, Vendée) Par conquête, sous Charles V.
L’Aunis (Charente-Inférieure, et une partie de la Charente) Id. Id.
La Saintonge (Charente) Id. Id.
Le Limousin (Corrèze, une partie de la Haute-Vienne) Id. Id.
La Guienne et le Nord de la Gascogne (Gironde, Dordogne, Lot-et-Garonne, Aveyron, Landes, partie sud-ouest des Basses-Pyrénées) Par conquête, sous Charles VII.
La Provence (Basses-Alpes, Var, Bouches-du-Rhône) Par héritage, sous Louis XI.
La Bourgogne (Côte d’Or, Saône-et-Loire, Ain, partie de l’Yonne) Par réversion, sous le même.
Le Maine (Mayenne, Sarthe) Par héritage, sous le même.
L’Anjou (Maine-et-Loire) Id. Id.
La Bretagne (Ille-et-Vilaine, Loire-Inférieure, Morbihan, Côtes-du-Nord, Finistère) Par mariage et traité, sous François I.
La Marche (Creuse, partie nord-est de la Haute-vienne) Par confiscat., sous le même.
L’Auvergne (Puy-de-Dôme, Cantal) Id. Id.
Le Bourbonnais (Allier) Id. Id.
Le Béarn (Partie des Basses-Pyrén.) Patrimoine de Henri IV.
Le comté de Foix et la partie sud de la Gascogne (l’Arriège et la partie sud des Hautes-Pyrénées)
Le Roussillon (Pyrénées-Orientales) Par conquête, sous Louis XIII.
L’Artois (Pas-de-Calais)
L’Alsace (Bas-Rhin, Haut-Rhin) Par conquête, sous Louis XIV.
La Flandre (Nord)
La franche-Comté (Haute-Saône, Doubs, Jura)
Le Nivernais (Nièvre)
La Lorraine (Moselle, Meurthe, Meuse, Vosges) Par cession et traité, sous Louis XV.
Comtat d’Avignon (Vaucluse) Cédée par le pape à la république.
La Corse Par cession, sous Louis XV.
Alger Par conquête, sous Charles X.

Remarques sur le tableau précédent. — Lorsque l’Assemblée constituante a changé la division politique de la France, en transformant les provinces en départemens, elle voulait détruire les nationalités diverses qui s’opposaient à une fusion intime entre tous les habitans de la France, et entra-