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LE GROUPE DU LAOCOON, À ROME.


Le sujet de ce groupe célèbre est décrit par Virgile dans le second livre de l’Énéide. Le poète raconte comment le grand-prêtre Laocoon, qui avait offensé Minerve, fut immolé avec ses enfans à la vengeance de la déesse.

Prêtre du dieu des mers, pour le rendre propice
Laocoon offrait un pompeux sacrifice,
Quand deux affreux serpens, sortis de Ténédos,
(J’en tremble encor d’horreur) s’alongent sur les flots ;
………
………
Tout fuit épouvanté. Le couple monstrueux
Marche droit au grand-prêtre, et leur corps tortueux
D’abord vers ses deux fils en orbe se déploie,
Dans un cercle écaillé saisit sa faible proie,
La ronge de ses dents, l’étouffe de ses plis
Les armes à la main, au secours de-ses fils
Le père accourt : tous deux à son tour le saisissent,
D’épouvantables nœuds tout entier l’investissent,
Deux fois par le milieu leurs plis l’ont embrassé,
Par deux fois sur son cou leur corps s’est enlacé ;
Ils redoublent leurs nœuds, et leur superbe crête
Dépasse encor son front et domine sa tête.
Lui, dégouttant de sang, souillé de noirs poisons,
Qui du bandeau sacré profanent les festons,
Raidissant ses deux bras contre ces nœuds terribles,
Exhale sa douleur en hurlemens horribles.

Traduction de Delille.

La France a possédé pendant quelques années le Laocoon ; mais, à la chute de l’empire, il a été rendu à l’Italie. Le sculpteur italien Canova fut chargé de diriger le transport. On en voit au jardin des Tuileries, dans le parterre, sous le pavillon Marsan, une copie en bronze, où l’expression du marbre est moins habilement rendue qu’elle ne l’a été par le brin de notre célèbre graveur Bervic, mort il y a quelques