Page:Magasin pittoresque 1.djvu/70

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

du père. Cette histoire est aussi celle du peintre italien Antonio Solario.

La ville d’Anvers a la forme d’un arc tendu, dont l’Escaut fait la corde. Elle a des rues et des places publiques fort belles.

Anvers a donné le jour à un grand nombre d’hommes célèbres ; c’est la patrie des peintres Denis Calvaert (maître du Guide), l’Albane, le Dominiquin, Gaspard Crayer, Rubens, Van Dyck, Jordaens, les deux Téniers, Ommegank, et du graveur Edelinck, à qui Louis XIV accorda des appartemens dans la fabrique des Gobelins. C’est encore la patrie du géographe Ortellus, des historiens Grammaye, Butkers, Sanderus, Van Meteren ; des imprimeurs Moretus, et du jurisconsulte Stockmans.

Cette ville, où l’art et le commerce ont autrefois jeté tant d’éclat et amassé tant de richesses, surtout au XVIe siècle, a souffert dans tous les temps, plus qu’aucune autre, des vicissitudes de la politique européenne. Il semble que nul débat ne puisse s’élever ou s’apaiser entre les gouvernemens des grandes nations, sans qu’aussitôt elle ne soit frappée, en signal de guerre ou de paix.

Anvers avait déjà fait partie plusieurs fois de la France, lorsqu’elle se soumit à la république, le 29 novembre 1792. Les Autrichiens la reprirent le 28 mars 1792, et les Français y entrèrent de nouveau, le 24 juillet 1794. Par suite, la ville fut comprise dans le département des Deux-Nèthes. Enfin, elle fut évacuée par les Français le 5 mai 1811, en vertu d’une convention conclue à Paris. À cette époque Carnot avait le commandement de la place.

En 1828, l’auteur du Voyage dans le royaume des Pays-Bas donnait les détails suivans sur la citadelle d’Anvers :

Les six bastions de la citadelle, bien terrassés, minés et contreminés, sont environnés de fossés larges et profonds.

Elle a servi de modèle à beaucoup de citadelles qui ont été construites depuis. Le duc d’Albe la fit bâtir, en 1508, pour tenir les habitans dans une obéissance forcée ; la direction des travaux fut confiée à Pacciotti, ingénieur d’Urbin, et à Gerbelloni. On trouve, ajoutait écrivain, dans la citadelle d’Anvers, où l’on n’entre que par une seule porte et une de secours, quinze puits, une place d’armes, une église et des collines d’où l’on découvre la campagne. C’est dans la citadelle que, sous le gouvernement français, se trouvait le bagne.




FIXATION DES DATES DE PÂQUES

ET DES FÊTES MOBILES.


Selon les décisions de l’Église catholique, la fête de Pâques doit être célébrée le 1er dimanche après la pleine lune qui suit le 20 mars.

Il résulte de cette règle que Pâques ne peut pas arriver plus tôt que le 22 mars ; ce qui n’a lieu qu’autant que la pleine lune tombe le 21 mars, et que le lendemain se trouve être un dimanche.

1761 et 1818 sont les seules années où cela se sera vu pour le XVIIIe et le XIXe siècle. Alors le carnaval se trouve réduit à fort peu de jours.

En 1818, Béranger exprima les regrets des amis du carnaval dans une chanson fort connue.

Pâques ne peut pas arriver plus tard que le 25 avril, ce qui a lieu seulement lorsque la pleine lune tombe le 20 mars. En effet, il faut alors, pour suivre la décision de l’Église, descendre jusqu’à la pleine lune suivante, le 18 avril ; si ce jour est un dimanche, il faut encore continuer sept jours plus loin, et l’on arrive au 25 avril. 1734 et 1786 présentent cette particularité.

Quand on connaît le jour de Pâques pour une année, on connaît toutes les fêtes qu’on appelle mobiles, parce qu’elles sont réglées suivant le jour de Pâques, et changent avec lui.

En voici la distribution :

La Septuagésime, 9e dimanche, est le 63e jour avant Pâques.

Sexagésime, le 50e jour.

Quinquagésime, dimanche gras, le 49e.

Dimanche de la Passion, le 14e.

Celui des Rameaux, le 7e.

La Quasimodo est le premier dimanche après Pâques.

L’Ascension est le jeudi, quarante jours après Pâques.

Et la Pentecôte est le 10e jour après l’Ascension.

La Trinité est le dimanche après la Pentecôte.

La Fête-Dieu est le jeudi qui suit la Trinité ; elle tombe deux mois plus tard que le Samedi-Saint, et exactement à la même date.




MŒURS ET USAGES POPULAIRES EN FRANCE.


UN MARIAGE DANS LE JURA. — NÉGOCIATIONS PRÉLIMINAIRES. — LE TROUILLE-BONDON. — CÉRÉMONIE QUI SUIT LES FIANÇAILLES. — VEILLE DU MARIAGE. — CÉLÉBRATION. — LE GARÇON FRANC ET LA FILLE FRANCHE. — RETOUR CHEZ LE MARI. — ÉPREUVE DU BALAI.

Lorsqu’un garçon a formé le dessein de se marier, un de ses amis se charge des négociations préliminaires. Sous le nom burlesque de Trouille-Bondon, il se rend chez les parens de la fille, où, après avoir fait un éloge pompeux des qualités et de la fortune de son ami, il entend à son tour l’éloge des vertus et des agrémens de la jeune personne. Si la démarche à paru présenter quelques chances de succès, les parens se parlent, se visitent, afin de vérifier la vérité des rapports qui ont eu lieu de part et d’autre, et la demande se fait alors solennellement.

Vers la fin du repas du soir, le jeune homme, placé à côté de la jeune fille, lui présente sur une assiette ou dans son verre, un rouleau de pièces d’or ou d’argent, suivant ses ressources pécuniaires. Si elle accepte, elle met les arrhes dans sa poche, telle est sa réponse ; dès cet instant elle est fiancée, ou du moins elle ne peut plus rompre l’engagement qu’elle a contracté sans rendre le double de la somme reçue,

À la veille de la publication des bans, les futurs distribuent à leurs parens et à leurs amis des dragées ou des beignets. Cette coutume s’appelle donner les fiançailles. Le jour où le contrat est passé, ordinairement la veille de la célébration du mariage, la fiancée réunit chez elle plusieurs amies : toutes se déguisent et se retirent dans une pièce écartée. Le futur, ses frères, ses camarades, arrivent, et frappent à la porte de la maison en réclamant une brebis qui leur appartient. On refuse de leur ouvrir, ils insistent, se font introduire, cherchent partout, et renouvellent leur demande à la porte de la chambre où sont retirées les jeunes filles. Un homme enfin se présente aux jeunes gens, et leur affirme qu’aucune brebis étrangère ne s’est introduite dans son troupeau. Afin de prouver ce qu’il avance, il fait défiler, une à une, les jeunes filles devant le prétendu ; celui-ci les fait danser successivement, et s’il ne reconnaît point sa fiancée, il est l’objet des railleries de chacun.

On apporte la robe de noces ; un membre de l’assemblée adresse aux futurs époux une harangue où l’hymen n’est pas ménagé ; on offre à la prétendue un mauvais morceau de pain noir, et ensuite un gâteau et du vin, afin de lui faire comprendre que son nouvel état amène avec lui peines et plaisirs. Enfin l’heure du souper arrive, on se met à table ; les femmes n’y font qu’une courte apparition, mais les hommes y restent bravement la nuit entière à boire et à chanter.

Le lendemain le mariage se célèbre dans la paroisse de la fiancée, qui, la tête ornée d’une couronne de myrte fleuri,