Page:Magasin pittoresque 1.djvu/68

Cette page n’a pas encore été corrigée


Deux hommes célèbres voulurent partager sa gloire et ses dangers, sir Joseph Banks et sir Solander.

Sir Joseph Banks a été en Angleterre, pendant un demi-siècle, un des hommes les plus actifs parmi ceux qui ont poussé à l’avancement des sciences. C’est lui qui a, en quelque sorte, fondé l’Association africaine ; qui, pendant quarante ans, a fourni les instructions à la plupart des voyageurs anglais ; qui a le premier fait connaître par une description la grotte de Staffa (v. 5e liv., p. 56 et 57). La prospérité de la Nouvelle-Galles, le transport de l’arbre à pain en Amérique, la restitution aux Français des papiers de La Pérouse, sont en grande partie le résultat de son influence. Chevalier de l’ordre du Bain, et tenant à la Société royale de Londres la présidence qu’il occupait depuis 1777, sir Joseph Banks est mort en 1820, à l’âge de quatre-vingts ans. Ce savant, qui avait déjà fait, au sortir de l’université, un voyage sur les côtes du Labrador et de Terre-Neuve, se prit d’enthousiasme pour le voyage que Cook allait entreprendre, et voulut l’accompagner. Possesseur d’une grande fortune, il emmena un secrétaire, deux dessinateurs, quatre aides subalternes ; il emporta les instrumens les plus parfaits, et se munit d’un grand nombre d’objets dorés pour faire des échanges avec les sauvages ; mais il fit plus encore, il détermina le célèbre naturaliste Solander à lire partie de l’expédition.

Solander était un Suédois, disciple de Linnée ; il avait déjà fait, par hasard, un voyage sur mer. Se trouvant en Angleterre, il était allé en rade rendre visite à un de ses amis ; le navire sur lequel il se trouvait reçut l’ordre de se couvrir immédiatement de voiles, et de faire route pour les Canaries, à la rencontre de bâtimens richement chargés qu’il fallait capturer. L’ordre était précis, impératif ; le capitaine n’eut pas le loisir de faire reconduire Solander dans le port, et l’emmena. Notre naturaliste se résigna, fit tourner sa captivité au profit de la science, et forma des collections d’histoire naturelle. À son retour, il se fixa en Angleterre, où il eut une place dans le Musée ; ce fut alors que sir Joseph Banks lui proposa le voyage autour du monde, lui garantit la conservation de l’emploi au Musée, et lui assura sur sa propre fortune une rente viagère de 10 000 francs.

Avec d’aussi habiles collaborateurs, les puissans moyens qu’il avait à sa disposition, ses talens et son activité, Cook ne pouvait manquer de justifier les espérances du monde savant. Le passage de Vénus fut heureusement observé dans l’île d’Otahiti ; on reconnut aussi dans cette campagne que la Nouvelle-Zélande était partagée en deux par un canal qui porte depuis lors le nom de détroit de Cook.

Au retour de cette première expédition commencée le 17 mai 1768 et terminée le 21 juin 1774, il reçut le grade de commandant dans la marine anglaise, et fut bientôt désigné pour remplir une nouvelle mission. Il s’agissait de faire de nouveau le tour du globe en passant dans les plus hautes latitudes sud, et de visiter spécialement chacun des coins de l’océan Pacifique qui n’avait pas été examiné, afin de résoudre la question tant de fois agitée sur le continent austral. Beaucoup de savans soutenaient depuis près de deux siècles l’existence de terres australes inconnues, plutôt par des argumens philosophiques que par des faits positifs, et déployaient les immenses conséquences que leur découverte devait produire. Cook remplit sa périlleuse mission avec audace et prudence ; il s’avança au-delà du 71e degré de latitude, et ne rencontra sur aucun des points qu’il visita le continent désiré. Son opinion constante a été cependant qu’il existait une terre près du pôle. Pendant cette campagne il reconnut, entre autres points, la côte orientale de la Nouvelle-Calédonie, entre la Nouvelle-Guinée et la Nouvelle-Zélande, et le groupe d’îles auxquelles il a donné le non de terres de Sandwich. Cook, à son retour, fut reçu avec enthousiasme ; il fut élevé au rang de capitaine ; il reçut une place dans l’administration de l’hôpital de Greenwich, et fut élu membre de la Société royale de Londres ; enfin il fut décoré de la médaille d’or consacrée par sir Gofefrey Copley à l’écrit le plus utile sur les expériences nouvelles ; on jugea que son mémoire sur l’emploi de méthodes à l’aide desquelles il était parvenu pendant son voyage à conserver la santé de son équipage, était digne d’être ainsi couronné.


(Cook.)


Cook jouissait de son repos et de sa renommée, lorsque l’esprit public, déçu dans l’espérance de trouver la terre australe, se tourna vers le nord, et désira ardemment savoir s’il existait réellement un passage vers le pôle qui pût éviter aux navigateurs européens le circuit du cap de Bonne-Espérance ; mais comment oser proposer le commandement d’une nouvelle expédition au capitaine Cook, après toutes les fatigues et les périls qu’il avait essuyés ? Cependant on lui demanda ses conseils pour le succès de cette entreprise ; et dans un dîner chez lord Sandwich, chef de l’’Amirauté, qui avait déjà provoqué le voyage aux terres australes, on s’étendit longuement sur l’utilité dont une telle découverte serait pour la navigation. Le capitaine se sentit si animé par toutes les considérations qui furent présentées, qu’il s’élança de son siége avec enthousiasme, en s’écriant, à la satisfaction des vœux secrets de tous ses amis, qu’il se chargeait lui-même d’exécuter le projet. C’était la mort qu’il allait chercher !

Il fut décidé qu’au lieu d’essayer de passer de l’océan Atlantique dans l’océan Pacifique, on ferait tout le contraire. En conséquence, Cook, quittant Plymouth le 12 juillet 1776, se rendit dans le grand Océan septentrional, en passant par les îles qu’il avait déjà visitées, et commença ses travaux sur les côtes orientales du nord de l’Amérique. Après avoir visité cette partie du globe, il revint prendre des rafraîchissemens dans les îles Sandwich. Ce fut alors qu’il découvrit l’île Owhiwhée, où il fut tué dé la manière la plus malheureuse dans une querelle qui s’éleva entre les Indiens et les gens de son équipage, le 14 février 1779.




Les bureaux d’abonnement et de vente

Sont rue du Colombier, no 30, près de la rue des Petits-Augustins.




Imprimerie de Lachevardiere, rue du Colombier, no 30.