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énormes, seuls ennemis des pirates qui viennent y cacher le fruit de leurs déprédations.

Dans la ville, une foule agissante d’hommes, de couleurs, d’habillemens, de langages différens, encombre les passages : parmi eux se font distinguer, par leur figure blanche, la forme de leurs yeux, l’extrême propreté de leur habillement, les Chinois, qui composent exclusivement les classes agricoles et ouvrières de la colonie. Ils ne peuvent être confondus avec les marins malais, au teint cuivré et basané, au regard farouche, à la taille courte et ramassée. Chez ceux-ci, des cheveux noirs, sales et crépus, un front sur lequel sont empreintes la méchanceté et la perfidie, sont cachés sous un chapeau de paille de forme conique ; un simple caleçon en toile bleue pour tout vêtement, laisse apercevoir des membres gros et musculeux.

Le grand nombre de travaux achevés en peu de temps donne déjà à Sincapour une apparence d’ancienneté aux yeux d’un nouveau débarqué ; mais s’il s’éloigne des dernières maisons, en dirigeant ses pas vers l’intérieur de l’île, le spectacle change peu à peu, et il retrouve les vestiges de la nature sauvage expirant sous les efforts de la civilisation. Une route bien entretenue circule au milieu de terrains inondés, que couvre une multitude de cases malaises élevées sur des pieux ; plus loin, des cannes à sucre d’une grande beauté couvrent un sol moins marécageux ; sur les revers des collines, de jeunes plantations de canneliers et de gérofliers semblent disputer la terre aux arbres de la forêt, dont les énormes squelettes, à moité consumés par le feu, témoignent des travaux que leur destruction a coûtés à l’homme : mais à quelques pas ce contraste cesse, et la nature sauvage, abandonnée à elle-même, reparaît dans toute sa splendeur et sa sombre majesté. Vous entrez dans des bois épais, dont la silencieuse solitude jette l’âme dans une tristesse respectueuse ; ils semblent ne donner passage qu’à regret à l’homme dont la hache doit les renverser un jour.




LA SEMAINE,

CALENDRIER HISTORIQUE.


Édits, lois, décrets. — Nécrologie. — Découvertes. — Guerres. — Traités.

25 Mars 1682. — Louis XIV confirme par édit la déclaration du clergé de France, contenant ces quatre propositions :

1o Le pape n’a aucune autorité sur le temporel des rois.

2o Le concile est au-dessus du pape.

3o L’usage de la puissance apostolique doit être réglé par les canons.

4o Les décisions du pape ne sont irréformables qu’autant qu’elles sont acceptées par l’Église.

Cette opinion gallicane était une sorte de protestantisme contre la théorie de la papauté, qui avait été pratiquée avec tant de hardiesse par Hildebrand (Grégoire VII).

23 Mars 1801. — Mort subite de Paul 1er, empereur de Russie. Une proclamation publiée le lendemain par Alexandre son fils, annonce qu’il a été frappé dans la nuit d’un coup d’apoplexie ; mais en même temps le bruit court qu’il a été étranglé dans son palais avec sa propre écharpe. Le lendemain soir la ville entière est illuminée.

Paul avait embrassé au commencement de son règne la cause des Bourbons. Plus tard, après les défaites de Suwarow, il s’était allié sincèrement à Napoléon, dont il admirait le génie.




24 Mars 809. — Mort d’Aaron Raschild, le plus célèbre des successeurs de Mahomet. Il avait étendu ses conquêtes dans les trois parties du monde, depuis l’Espagne et l’Afrique, jusqu’aux Indes. De tous les souverains, Aaron ne voulut pour allié que Charlemagne, auquel il envoya, entre autres présens, un éléphant et une horloge d’un travail singulier.




25 Mars 1802. — Traité de paix d’Amiens, entre les républiques française, batave, et l’Espagne, d’une part, l’Angleterre de l’autre. « Les îles de la Trinité et de Ceylan restent aux Anglais ; l’île de Malte doit être remise à l’ordre reconstitué, et rester indépendante. »

25 Mars 1815. — Traité de Vienne entre l’Autriche, la Grande-Bretagne, la Prusse et la Russie, qui s’engagent à réunir tous leurs efforts contre Napoléon ; chacune des puissances contractantes devra mettre sur pied 150 mille hommes, dont un dixième au moins de cavalerie (non compris les garnisons des places fortes). Le roi de France sera invité spécialement à donner son adhésion au présent traité. Cette adhésion a lieu. La Suède et le Portugal refusent seuls de fournir leur contingent.




26 Mars 1791. — Décret de l’assemblée nationale sur les moyens d’établir l’uniformité des poids et mesures. La grandeur du quart du méridien terrestre est adoptée pour base du nouveau système de mesures, et l’on décide que les opérations pour déterminer cette base, telle que les indique l’Académie des sciences, et notamment la mesure d’un arc du méridien, depuis Dunkerque jusqu’à Barcelone, seront incessamment exécutées.




27 Mars 1492. — Christophe Colomb découvre l’île de Saint-Domingue. Il la nomme Hispaniola ; les naturels du pays l’appellent Haïti. La ville de Saint-Domingue qui y fut bâtie quelque temps après, lui donna le nom qu’elle porte aujourd’hui.




28 Mars 1380. — On date de ce jour-là le premier usage de la poudre à canon par les Vénitiens, contre les Génois.




28 Mars 1792. — Loi de l’assemblée nationale, qui reconnaît et détermine que les hommes de couleur, et les nègres libres des colonies, jouiront immédiatement de l’entier usage des droits politiques.

28 Mars 1802. — Découverte d’une dixième planète par Olbers, à Brêmes (Saxe). Cette planète tourne en quatre ans et demi entre Mars et Jupiter. Olbers l’appela Pallas ; Delalande l’appela Olbers.

28 Mars 1809. — Bataille de Médelin (six lieues est de Mérida, Estremadure). Le maréchal Victor défait complètement les Espagnols. Les généraux de cavalerie Lasalle, Latour-Maubourg, Bordesoult, se distinguent. Le lendemain les avant-postes français arrivent sur Badajoz.




29 Mars 1792. — Gustave III, roi de Suède, meurt des blessures qu’il avait reçues, le 16 mars précédent, dans un bal, à Stockholm. Ses assassins étaient des conjurés de la faction des nobles qu’il avait renversée en 1772.

29 Mars 1793. — Loi de la convention qui ordonne dans les villes au-dessus de trois mille âmes, d’afficher à l’extérieur des maisons, les noms, âge et professions de ceux qui les habitent.

29 Mars 1796. — Guerre de la Vendée. Charette, l’un des chefs royalistes, pris avec trente-deux des siens, à Saint-Sulpice, près de Montaigu, est fusillé à Nantes.