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(Le Rossignol.)

  Koui koui koui io io io io io io io koui
    Lu lyle lolo didi io kouia.
Higuai guai guay guai guai guai guai guai kouior tsio tsiopi.




NAUTILE PAPYRACE.


Les marchands d’objets d’histoire naturelle préfèrent quelquefois les dénominations anciennes ou vulgaires, à celles que les classifications systématiques ont introduites dans la science ; ils ont conservé le nom de nautile à la coquille de l’argonaute (argonauta argo), mollusque marin du genre des sèches (sepiæ). L’adjectif papyracé caractérise assez exactement la coquille dont il s’agit, car elle est presque aussi mince qu’une feuille de papier demi-transparente, extrêmement légère. Mais ce qui excita dans tous les temps, et au plus haut point, l’attention des observateurs, c’est l’usage que l’habitant de ce singulier manoir sait en faire pour s’établir sur les eaux, diriger sa course, naviguer. Les naturalistes lui ont assigné sa véritable place, en le classant parmi les argonautes, puisqu’il est à la fois le constructeur et le pilote de sa petite barque. Pour la construire, le mollusque ingénieur devait satisfaire à des conditions qui semblaient s’exclure l’une de l’antre : n’employer que très peu de matière, et obtenir cependant assez de solidité pour que l’embarcation ne fût pas brisée par les mouvemens tumultueux d’une mer soulevée par la tempête ; pourvoir à la facilité du mouvement, même en renonçant aux formes qui eussent été plus solides. Sans autre guide que la nature et son instinct, l’argonaute a fait un chef-d’œuvre, un petit esquif d’une élégance admirable, et les manœuvres qu’il exécute en le faisant voguer augmentent encore l’étonnement. Voici la description que Pline en a donnée.

« Le nautilos ou pompilos est une des merveilles de la la nature. On le voit s’élever du fond de la mer, en maintenant sa coquille dans une situation telle, que la carène soit toujours en dessous, et l’ouverture au-dessus. Dès qu’il atteint la surface de l’eau, sa barque est bientôt mise à flot, parce qu’il est pourvu d’organes au moyen desquels il fait sortir l’eau dont elle était remplie, ce qui la rend assez légère pour que les bords s’élèvent au-dessus de l’eau ; alors le mollusque fait sortir de sa coquille deux bras nerveux, qu’il élève comme des mâts ; chacun de ses bras est muni d’une membrane très fine, et d’un appareil pour la tendre ; ce sont les voiles. Mais si le vent n’est pas favorable, il faut des rames ; l’argonaute en dispose sur les deux cotés de sa barque : ce sont d’autres membres plus souples, alongés, capables de se plier et de se mouvoir dans tous les sens, et dont l’extrémité est constamment plongée dans l’eau. Ainsi, la navigation peut commencer, et le conducteur de l’esquif va déployer son habileté. Si quelque péril le menace, il replie sur-le-champ tous ses agrès, et disparaît sous les flots. »

Un naturaliste français, embarqué sur un vaisseau qui traversait la Méditerranée, eut l’occasion d’observer plusieurs centaines d’argonautes, manœuvrant autour du bâtiment ; mais il ne put en prendre un seul, tant ces animaux sont attentifs à observer ce qui se passe, et prompts à éviter la main qui veut les saisir. On lui a contesté la faculté de construire lui-même sa curieuse coquille, parce qu’on ne l’y a jamais trouvé adhérent, comme les autres mollusques revêtus d’une enveloppe solide ; on lui a même attribué les habitudes du pagure nommé Bernard l’ermite, qui se loge dans les coquilles vides, lorsque la grandeur et la distribution intérieure lui conviennent. Bernard l’ermite, à qui le logement ne coûte rien à bâtir, déménage souvent, et lorsqu’il se met en quête d’une nouvelle demeure, il visite lestement toutes celles qu’il trouve vacantes, et s’empare sans remords de celle où il trouve ses aises, ne balançant même pas, dit-on, pour mettre le propriétaire à la porte. Il n’en est pas ainsi de l’argonaute ; on ne l’a jamais trouvé que dans le nautile papyracé, et l’origine de cette coquille serait inconnue, si on ne l’attribuait pas à l’animal qui l’habite. L’histoire naturelle de ce mollusque est encore peu avancée ; on ne l’a observé que lorsqu’il est complètement développé, exerçant toutes ses faculté-s ; les individus que l’on a décrits étaient tous à peu près de la même grandeur.

(Nautile papyrace.)

Il reste donc encore à pénétrer les mystères de la naissance et des accroissemens successifs de ces animaux.




FULGORE PORTE-LANTERNE.


Les fulgores forment un genre d’insectes où l’on compte une cinquantaine d’espèces, et dont le caractère générique le plus saillant est la longueur excessive de la tête. La forme de cette partie du corps varie dans chaque espèce, en sorte qu’elle a pu fournir des caractères spécifiques. Quelques unes de ces espèces étalent en volant la magnificence de leurs couleurs ; cependant la plus remarquable de toutes est vêtue très modestement. Un peu de vert, un peu de rouge pâle sur un fond grisâtre, deux grandes taches d’un jaune fauve, voilà tout ce que ses ailes déployées peuvent montrer au jour ; mais pendant la nuit l’insecte obtient une incontestable supériorité. Il porte en lui-même la source d’une lumière qu’il répand an dehors avec plus de profusion qu’aucun autre corps phosphorescent de même grandeur. On n’est pourtant pas d’accord sur l’intensité de cette lumière. Les uns disent qu’un seul insecte éclaire suffisam-