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moulinet composé de deux ou trois cylindres cannelés mis en mouvement par un mécanisme semblable à celui du rouet de la fileuse. Au moyen de ce petit appareil, une seule personne épluche facilement et très bien jusqu’à soixante-cinq livres de coton. Mais ce résultat ne suffisait pas encore pour les immenses exploitations des États-Unis ; on y a construit de grandes machines à éplucher, substituant ainsi à la force de l’homme celle de plusieurs chevaux, de la vapeur, d’un courant d’eau. Une de ces machines, mise en mouvement par un seul cheval, dirigée par trois ouvriers, fournit chaque jour jusqu’à neuf quintaux de coton épluché.

Mais ce premier nettoyage ne suffit point : quelques semences et quelques parcelles des enveloppes du duvet ont échappé à l’épluchage. Une autre opération débarrasse le coton de toutes ces impuretés ; elle consiste à le vanner dans des tambours légers et qui tournent rapidement. Pendant qu’il est ballotté dans cette machine et bien éparpillé, un courant d’air le traverse, et se charge de toutes les matières pulvérulentes qu’il s’agit d’enlever au duvet. Après le vanage, le coton est envoyé au magasin pour être mis en balles, en le soumettant à l’action de fortes presses. Chaque balle pèse environ trois quintaux ; mais lorsque ces masses volumineuses sont à bord du navire qui doit les transporter, on leur fait éprouver une nouvelle compression bien plus énergique, et qui réduit leur volume de moitié.

L’invention des filatures mécaniques a prodigieusement étendu l’emploi du coton. Quoique l’Angleterre en employât plus que les autres nations européennes, elle n’en importait pas plus de 4 000 000 de livres, ou 40 000 quintaux, jusqu’à la fin du XVIIIe siècle : en 1828, son importation fut de 2 266 260 quintaux, dont 1 517 520 provenaient des États-Unis, 291 430 du Brésil, 321 870 des Indes Orientales, 64 540 de l’Égypte, 58 930 des îles anglaises dans le golfe du Mexique, 7 260 de la Colombie, et 4 710 de la Turquie et de la Grèce continentale. À cette même époque, la France importait à peu près 450 000 quintaux de coton.



LA SEMAINE.


CALENDRIER HISTORIQUE.
Décrets. — Morts illustres. — Guerres et révolutions.

16 Mars 1790. — Décret de l’assemblée nationale qui abolit les lettres de cachet et toutes les mesures arbitraires de l’autorité.




17 Mars 1665. — La république de Hollande fait publier une ordonnance qui règle les récompenses de ceux qui seraient blessés au service de la patrie.

Pour la perte des deux yeux 1500 livres.
Pour celle d’un œil 350
Pour celle des deux bras 1500
Pour celle du bras droit 450
Pour celle du bras gauche 350
Pour celle des deux mains 1200
Pour la main droite 550
Pour la main gauche 500
Pour les deux jambes 700
Pour une seule 350
Pour la perte des deux pieds 450
Pour un pied 200




17 Mars 1741. — Mort du poète Jean-Baptiste Rousseau.

17 Mars 1815. — Proclamation du prince d’Orange, qui se constitue roi des Pays-Bas, en conformité d’une résolution du congrès de Vienne.




18 mars 1781. — Mort de Turgot, un des administrateurs les plus éclairés et les mieux intentionnés qu’ait jamais eus la France. Pendant la courte durée de temps où il exerça les fonctions de contrôleur-général, il parvint à réformer quelques uns des abus de l’ancien régime ; il entreprit d’abolir les jurandes et les corporations, de commuer les droits seigneuriaux, de modérer les impôts indirects, et d’établir une égale répartition des corvées entre toutes les classes de citoyens. Ses idées en économie politique et en philosophie de l’histoire étaient très avancées. Dupont de Nemours et Condorcet ont écrit sa vie.




19 Mars 1626. — Louis XIII tenait un lit de justice pour faire enregistrer des édils bursaux dont son ministre et ses courtisans prétendaient avoir besoin. Louis Servin, avocat-général au parlement de Paris, représenta fortement l’injustice de ces nouveaux impôts. Le roi interrompit Servin, qui persista dans son énergique protestation contre la dissipation de la cour. Alors Louis XIII entra dans une violente colère ; Servin, après avoir lutté encore quelques instans, tomba mort aux pieds du roi.

19 Mars 1808. — Charles IV, roi d’Espagne, abdique en faveur de son fils, proclamé sous le nom de Ferdinand VII.




20 Mars 1492. — Découverte de l’Amérique. Les trois vaisseaux de Christophe Colomb touchent la terre de l’île de Guanahani, l’une des Lucayes.

20 Mars 1800. — Victoire d’Héliopolis. Lord Keith, commandant en chef de la flotte anglaise, somme l’armée française d’Orient de mettre bas les armes et de se rendre à discrétion. Kléber, général de l’armée française, indigné, distribue cette lettre dans les rangs, et dit pour toute harangue : « Soldats, on ne répond à de telles insolences que par la victoire. Marchons ! » On rencontre les troupes ottomanes, composées de plus de soixante mille Turcs, Arabes et Mamelouks, à une lieue nord-est du Caire, sur les ruines d’Héliopolis. Les Français, à peine au nombre de dix mille, mettent ces troupes en fuite sans avoir perdu plus de deux cents hommes. Les riches dépouilles du camp, les nombreux chameaux, presque toute l’artillerie, restent au pouvoir des vainqueurs.

20 Mars 1815. — À minuit un quart Louis XVIII sort du palais des Tuileries. À neuf heures du soir Napoléon entre dans Paris. Il nomme Carnot ministre de l’intérieur, et Cambacérès ministre de la justice.




21 Mars 1795. — Fondation et mise en activité de l’École Polytechnique, sous le nom d’école centrale des travaux publics, en conformité d’un décret de la Convention.

21 Mars 1804. — Loi sur la réunion des lois civiles en un seul corps de lois, sous le titre de Code civil des Français.




22 Mars 1687. — Mort de Jean-Baptiste Lulli, célèbre compositeur, auteur des opéras d’Athis, d’Armide et de Roland. Il était né à Florence en 1633. Il fut le premier en France qui fit des basses, des milieux et des fugues. Il mourut, à cinquante-quatre ans, des suites d’un coup de canne qu’il se donna sur le pied en voulant battre la mesure.




MOIS DE MARS


ORIGINE DE CE MOIS. — FÊTES RELIGIEUSES. — CÉRÉMONIES ET COUTUMES AUXQUELLES ELLES ONT DONNÉ LIEU.

Romulus divisa l’année en dix mois, et donna le premier rang au mois de mars, qu’il appela du nom de son père. Numa Pompilius changea cet ordre de choses ; il ajouta au calendrier les mois de janvier et février, et fixa le commencement de l’année au 1er janvier.

En France, jusqu’à l’année 1564 on commençait l’an-