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eut lieu sans interruption, le 6 juillet de chaque année, jusqu’à la révolution.

Aujourd’hui, la procession de Gayant, rétablie en 1801, n’est plus une procession religieuse.

Pendant la durée de la fête communale, on promène seulement la roue de fortune, le sot ou fou des Canonniers, et Gayant, ainsi que sa famille, composée de sa femme, et de Jaco, Fillion et Tiot-Tourni, ses enfans. La grande popularité dont jouissent ces célèbres mannequins dans le Nord ne contribue pas peu à attirer dans la ville une grande partie des habitans des communes environnantes.

Il n’existe rien de bien certain sur l’origine de celle illustre famille ; ce qui paraît le plus probable à cet égard, c’est que ce fut Charles-Quint, qui, dans le but d’amener les habitans des diverses provinces des Pays-Bas à se réunir et à fraterniser, établit des fêtes dans lesquelles on vit paraître des figures gigantesques, telles que Gayant, dont la tête atteint la hauteur du premier étage des maisons. De même qu’à Douai, des géans ont joué des rôles importans dans les divertissemens populaires, à Dunkerque, Bruges, Bruxelles, etc.

Gayant et sa famille ont contribué à l’amusement de la femme de Louis XIV lorsque cette princesse fit son entrée à Douai en 1667.




COTON. — COTONNIER (GOSSYPIUM).


Le coton est le duvet dont les fruits du cotonnier sont remplis à l’époque de la maturité. Les diverses espèces de cette plante constituent un des genres de la famille des malvacées, parce que leur fructification est analogue à celle des mauves. Les caractères génériques déduits de la fructification sont les suivans : fruits en capsules arrondies ou ovales, pointues au sommet, divisées intérieurement en trois ou quatre loges où le duvet est renfermé, et qui s’ouvrent, lorsqu’elles sont mûres, par la seule force élastique du coton. Chaque loge contient de trois à sept graines enveloppées par le duvet. Les espèces dont on va parler sont les plus intéressantes, à cause de l’emploi qu’on fait de leur produit.

Quoique cette plante soit classée parmi les herbes, sa tige est dure et ligneuse. On la cultive comme une plante annuelle, mais elle subsisterait quelques années si on l’abandonnait à la nature. La tige est cylindrique, rougeâtre ou


(Cotonnier harbacé, gossypium herbaceum.)


brune dans le bas, velue, et semée de petits points noirs dans la partie supérieure, comme les pétioles qui supportent des feuilles à cinq lobes arrondis et terminés par une petite pointe. Les folioles du calice sont larges, raccourcies, et fortement dentées. La fleur est grande et jaune ; les graines sont blanches.

Il n’est pas certain que cette espèce soit unique, et que quelques unes des variétés qu’on y rapporte ne doivent pas être érigées en espèces distinctes. Tel est, par exemple, un cotonnier cultivé aux Indes orientales, qui produit dès la première année du semis, mais qui dure plusieurs années, sous la forme d’un arbrisseau. Ses feuilles sont plus petites que celles de l’espèce précédente, et sont partagées en trois lobes alongés, sans pointe terminale ; les graines sont noirâtres : on voit que ces différences sont assez nombreuses et assez importantes pour que l’une des deux plantes ne soit pas considérée simplement comme une variété de l’autre.

L’espèce annuelle est la plus répandue ; c’est celle qui fournit le plus d’alimens aux fabriques. On la croit originaire de la Perse d’où elle aurait passé en Syrie, dans l’Asie Mineure, et dans plusieurs contrées de l’Europe méridionale. Le Nouveau Monde en a fait aussi l’acquisition, quoiqu’il ne manquât point d’espèces indigènes : parmi celles-ci, on en cite une dont le fruit est beaucoup plus gros que celui


Cotonnier en arbre, gossypium arboreum.)


du cotonnier asiatique, en sorte que la culture en serait plus productive. Mais le cotonnier à grosses capsules est originaire des contrées les plus chaudes de l’Amérique méridionale, tandis que l’asiatique s’accommode assez bien de la température de Malte, de la Sicile et de l’Andalousie. C’est par ce motif que les habitans des États-Unis lui ont donné la préférence, et le succès de leurs cultures justifie pleinement leur choix.

À la rigueur, la dénomination de cette espèce est un peu fastueuse, car on pourrait se contenter du nom d’arbuste pour un végétal qui s’élève rarement à la hauteur de quelques uns de nos lilas. Cependant, on le soumet à la taille, afin d’augmenter la production et de donner aux plants une forme et des dimensions qui rendent la récolte plus facile. Dans ces cotonniers, les feuilles sont palmées, divisées en cinq lobes alongés. Les fleurs sont d’un rouge brun, assez grandes. On trouve cette espèce dans l’ancien et le nouveau continent, sans que l’on puisse savoir si elle a passé de l’un dans l’autre. Ce qui est certain, c’est que la plus haute espèce de cotonnier existait en Amérique, avant l’arrivée des Européens dans ce continent, et qu’on est