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police de Paris. M. de La Reynie, qui occupe le premier cette fonction, ordonne que des lanternes soient suspendues dans toutes les rues. Cette innovation produisit une grande impression sur l’esprit des bourgeois. Ce n’est que cent ans après, sous la lieutenance de M. de Sartine, que les lanternes à réverbère sont établies

À la réception de M. de La Reynie, le premier président du parlement de Paris lui recommanda trois choses, netteté, clarté, sûreté.




PROGRESSION DES PRODUITS, DES REVENUS, ET DE LA POPULATION DE LA GRANDE-BRETAGNE.

La Grande-Bretagne (l’Angleterre proprement dite, l’Écosse et le pays de Galles) avait produit par l’agriculture et par ses mines seulement 2 496 000 000 francs, en 1813. Ayant alors 12 500 000 habitans, c’était une production agricole de 199 fr. 68 c. par tête.

En 1831, elle a donné 3 350 000 000 fr., ou 223 fr. 33 c. par individu, sa population étant à cette époque de 13 000 000 d’habitans. L’augmentation moyenne annuelle pendant les dix-huit ans écoulés entre 1813 et 1831 a donc été, pour les produits de l’agriculture et des mines, de 47 444 000 fr. ; pour la population, de 138 800 habitans, et pour la répartition des produits par tête, de 1 fr. 31 c. Si la même progression continuait pendant cent ans, la Grande-Bretagne, en 1931, aurait 8 094 400 000 fr. de revenu agricole, et 28 880 000 habitans, qui auraient chacun, terme moyen, un revenu annuel en produits de l’agriculture de 334 fr. 33 c. Or, comme cet art ne fait que le tiers environ des richesses de la Grande-Bretagne, il en résulterait que chaque Anglais posséderait près de 1 100 fr. de revenu moyen. Assurément, jamais le partage ne sera aussi égal ; mais il est probable que le nombre des malheureux sera moins fort qu’actuellement, et que la répartition des produits sera mieux faite, car le grand avantage de la civilisation est d’augmenter et d’honorer de plus en plus l’influence du travail.




Publicité des dépenses de l’État. — Autrefois en France les comptes de la guerre et de la marine se rendaient tous les six mois ; mais comme la publicité des dépenses effrayait l’absolutisme du souverain, on n’avait garde d’en rien laisser à la disposition des curieux. On rapporte que Louis XV s’enfermait dans l’Œil-de-Bœuf, et que là, avec deux valets, il brûlait soigneusement les papiers qu’on lui rendait, ne se retirant qu’après avoir bien remué dans les cendres pour effacer jusqu’au moindre vestige d’écriture. Aujourd’hui le plus mince étudiant peut connaître les dépenses de l’État avec plus d’exactitude qu’il ne sait, au bout de l’année, par où a passé la pension que lui fait son père.




STATISTIQUE.

ANNÉES DE GUERRE EN FRANCE PENDANT LES CINQ DERNIERS SIÈCLES.

Dans le XIVesiècle, il y eut 43 années de guerre :

5 de guerre civile ;
15 de guerre portée à l’extérieur ;
25 de guerre sur le sol de la France.

Il y eut 14 grandes batailles, entre autres celle de Courtray, où les Flamands firent trophée de quatre mille paires d’éperons de chevaliers français ; celle de Poitiers, qui coûta la liberté au roi de France.

On peut juger de tous les maux que devaient entraîner de semblables guerres, dans lesquelles, pour une bataille rangée, se livraient cinquante ou soixante combats d’autant plus sanglans, que l’usage des armes à feu était presque inconnu ; que l’on combattait corps à corps, et que tout guerrier blessé un peu grièvement mourait ordinairement faute de secours, à moins qu’il ne fût d’un rang très élevé.

Dans le XVe siècle on trouve 71 années de guerre :

13 de guerre civile ;
43 de guerre sur le sol de la France ;
15 seulement où la guerre fut portée sur le sol étranger ;

Et 11 grandes batailles, parmi lesquelles on remarque celles d’Azincourt, de Castillon et de Montlhéry.

Dans le XVIe siècle on compte 83 années de guerre :

44 de guerre extérieure ;
8 de guerre sur le territoire français ;
53 de guerre civile et religieuse.

Il y eut 27 batailles rangées, parmi lesquelles on en compte 11 où les Français, animés et par l’esprit de parti, et surtout par le fanatisme religieux, se battirent et se déchirèrent entre eux.

Dans le XVIIe siècle il y eut 69 années de guerre :

6 de guerre religieuse ;
11 de guerre civile ;
52 de guerre portée à l’extérieur.

On compte dans ce siècle 59 batailles rangées.

Dans le XVIIIe siècle :

31 années de guerre extérieure ;
1 — de guerre religieuse ;
6 — de guerre civile.

En tout, 38 années de guerre, et 93 batailles.

Ainsi, dans l’espace de cinq siècles, on trouve :

35 années de guerre civile ;
40 — de guerre religieuse ;
76 — de guerre sur le sol de la France ;
173 — de guerre à l’extérieur.

En tout, 326 années, pendant lesquelles se livrèrent 184 batailles rangées.




LA PÊCHE DES PERLES À CEYLAN.

Dans le mois d’octobre qui précède la pêche, on se livre, si le temps le permet, à l’examen des bancs d’huîtres à perles. On s’assure de la position de chacun de ces bancs au moyen de plongeurs qui y descendent à plusieurs reprises, et en rapportent un ou deux milliers d’huîtres comme échantillon. On ouvre les coquilles, et si le produit des perles recueillies dans un millier d’huîtres s’élève à la somme de 73 francs environ, on peut s’attendre à une bonne pêche. Les bancs d’huîtres occupent, dans le golfe de Manaar, une étendue de dix lieues du nord au sud, et de huit lieues de l’est à l’ouest. Il y en a quatorze (tous cependant ne produisent pas) ; le plus grand est long de trois lieues, et large de deux tiers de lieue. La profondeur de l’eau est de trois à quinze brasses (quinze à soixante-quinze pieds). Les huîtres à perles qui se trouvent sur ces bancs sont toutes d’une même espèce et d’une même forme. Elles ressemblent un peu à l’huître ordinaire, mais elles sont plus grandes, ayant de huit à dix pouces de circonférence. Le corps de l’animal est blanc et glutineux ; l’intérieur de la coquille, la véritable nacre est plus brillante et plus belle que la perle elle-même ; l’extérieur est uni et d’une couleur sombre. Les perles sont ordinairement renfermées dans la partie la plus épaisse et la plus charnue de l’huître. Une seule huître contient quelquefois plusieurs perles ; et on en cite une qui en a produit cent cinquante. La perle n’est sans doute que le résultat de quelque défaut accidentel pendant l’agrandissement graduel de la coquille : petite au commen-