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Chaque parti, au nombre de sept à huit cents, commandé par un capitaine et plusieurs officiers, se distingue par sa cocarde, et par ses drapeaux, qui, durant l’action, flottent aux fenêtres de l’hôtel-de-ville. À l’heure convenue, les deux armées, musique en tête, arrivent par les deux extrémités de la Grande-Place, champ de bataille ordinaire, paradent un moment, puis, après avoir été harangués par leurs capitaines, s’élancent gaiement dans la lice au son des instrumens guerriers. Leurs coudes et leurs jambes artificielles sont les seules armes dont ils se servent ; au milieu des combattans on voit se glisser les jeunes filles, qui les encouragent lorsqu’ils faiblissent et les relèvent quand ils sont abattus. Rien ne peut égaler l’acharnement des deux partis ; ils déploient une vigueur et une agilité singulières en présence de la foule des spectateurs, dont l’intérêt est puissamment excité.

Suivant la tradition du pays, cette lutte curieuse aurait pour origine la rivalité de deux familles, celles des Mélans et des Avresses, qui vidèrent leurs différens de cette manière. Les historiens et les antiquaires n’adoptent point cette explication, mais ils ne la remplacent par rien de satisfaisant. Ces combats furent souvent livrés en l’honneur et en présence de souverains, parmi lesquels on cite Charles-Quint, Pierre-le-Grand, et Bonaparte. Les magistrats de la ville, ayant considéré, dès la fin du XVIIIe siècle, les dangers que ces jeux présentaient, les ont défendus. Depuis lors ils sont devenus plus rares ; et le dernier a été livré en 1814 devant le prince d’Orange.

Danse des sept Machabées. — Cet exercice était encore particulier à la jeunesse de Namur, et suivait ordinairement le combat des échasses.

Sept jeunes et vigoureux garçons représentaient les Machabées. Tons leurs vêtemens, veste, pantalon, bas, souliers et bonnet, étaient blancs et fixés avec des rubans rouges. Leur main droite était armée d’une épée émoussée ; de la gauche ils saisissaient le fer de leur compagnon, et, entrelaçant leurs mains de cent manières différentes, ils exécutaient les mouvemens les plus variés.

L’origine de cet exercice est aussi incertaine que celle du combat des échasses. Le dernier eut lieu en 1774, en présence de l’archiduc Maximilien.


LA SEMAINE. CALENDRIER HISTORIQUE.


Condamnations célèbres. — Guerre d’Espagne. — Papauté. — Le premier lieutenant de police.

9 Mars 1762. — Exécution de Jean Calas. La condamnation et le supplice injuste de ce vertueux protestant, faussement accusé d’avoir assassiné son fils qu’on supposait s’être converti au catholicisme, ont plus fait pour la propagation de l’esprit de tolérance, que n’avaient fait jusque là un grand nombre des écrits des philosophes qui réclamaient la liberté religieuse depuis plusieurs siècles. Trois ans après l’exécution, le 9 mars 1765, un jugement solennel a réhabilité la mémoire de cette célèbre victime du fanatisme.

10 Mars 1811. — Prise de Badajoz, capitale de l’Estramadure espagnole. Le général Mortier s’en empare après un siège de cinquante-quatre jours. Wellington communiquant cet événement à la régence du Portugal, écrit : « La nation espagnole a perdu, en deux mois, les forteresses de Tortose, d’Olivenza, et de Badajoz. Pendant ce temps, le maréchal Soult, avec un corps de troupes au-dessous de vingt mille hommes, outre la prise de ces deux dernières places, a pris ou tué plus de vingt-deux mille hommes de troupes espagnoles. »

11 Mars 1314. — Sous le règne de Philippe-le-Bel, Jacques de Molay, grand-maître des Templiers, et Guy, frère du dauphin d’Auvergne, sont brûlés sur la place Dauphine. Tous les ans les successeurs des Templiers, qui viennent de rendre public leur culte à Paris, vont un à un, le 11 mars, sur le lieu du supplice.

Bossuet a dit au sujet de cet événement historique : « On ne sait s’il n’y eut pas plus d’avarice et de vengeance, dans cette exécution, que de justice. »

11 Mars 1808. — Sénatus-consulte qui porte institution de titres héréditaires honorifiques, sous la dénomination de prince, duc, comte, baron et chevalier. Il est statué que les titulaires pourront former des majorats on substitutions en faveur de leurs descendans directs.




12 Mars. — Ce jour est le premier du mois pour les Grecs modernes. En plusieurs endroits, ils ont conservé l’usage de célébrer à cette époque le retour du printemps, par de vieux chants consacrés, et en cassant dans les rues toute leur vaisselle de terre. Ce dernier usage existe aussi dans un grand nombre d’autres pays ; à Lorient, par exemple, en Bretagne, le dimanche de la Quasimodo, il y a une guerre générale contre toutes les marmites, cruches et pots-au-lait.

12 Mars 1699. — Le pape Innocent XII condamne, après neuf mois d’examen, le livre de Fénelon, intitulé Explication des maximes des Saints. Ce livre avait été véhémentement critiqué par Bossuet.

13 Mars 1809. — Révolution en Suède. Gustave-Adolphe IV est désarmé par un Suédois, qui lui adresse ces paroles : « Sire, votre épée vous a été donnée pour la tirer contre les ennemis de la patrie, et non contre les vrais patriotes, qui ne veulent que votre bonheur et celui de la Suède. » Le 29 mars suivant, Gustave-Adolphe abdique la couronne en ces termes : « Persuadé que nous ne pouvons plus continuer nos fonctions royales, ni maintenir l’ordre et la tranquillité dans ce royaume, d’une manière digne de nous et de nos sujets, nous nous faisons un devoir sacré de renoncer, par le présent acte, volontairement et par notre propre motif, à nos fonctions royales, afin de consacrer le reste de nos jours à la gloire de Dieu. »

15 Mars 1815. — Les huit puissances signataires du traité de paix de Paris, du 30 mai 1811, réunies au congrès de Vienne, déclarent que Bonaparte, en rompant la convention qui l’avait établi à l’île d’Elbe, s’est placé, hors des relations civiles et sociales, et le livrent à la vindicte publique comme ennemi et perturbateur du repos du monde.




11 Mars 1800. — Le cardinal Gregorio-Barnaba Chiaramonte est élu pape par trente-deux voix sur trente-cinq, dans le conclave tenu à Venise. Lorsqu’il n’était encore qu’évêque d’Imola, dans la Romagne, il avait prononcé à l’occasion de l’entrée des Français dans la Romagne un discours où l’on remarque ces phrases : « Les premiers chrétiens étaient animés de l’esprit de démocratie. Les vertus morales rendent bons démocrates. » Élevé à la papauté, il prit le nom de Pie VII. Ce fut lui qui sacra Napoléon empereur, à Paris, en 1804.




15 Mars de l’an 44 avant J.-C. — Jules César est assassiné dans le sénat.

15 Mars 1665. — Création de la charge de lieutenant de