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harmonieuse, ou, suivant une autre traduction, la grotte de Fingal ; ces deux noms conviennent également à l’île. Souvent l’agitation de la mer et les tourbillons de vent, en se perdant au fond de la grotte, à travers les colonnes de basalte disposées en buffets d’orgues, produisent des sons d’une merveilleuse harmonie. « Ce sont les harpes éoliennes des ombres Fingaliennes, » disent les Gaëls, qui attachent l’idée de Fingal, le père d’Ossian, à tout ce qui paraît surnaturel.

L’île de Staffa n’est qu’une masse de lave et de basalte.


(Grotte de Fingal.)


Les bords sont escarpés et inaccessibles dans toute sa circonférence, à l’exception d’un petit espace, au-dessus de la presqu’île de Boo-Sha-La.

D’immenses colonnades basaltiques règnent tout autour, et au premier aspect on a la conviction qu’elles ont surgi tout-à-coup du sein de la mer.

La régularité de tout ce que l’on voit est telle, qu’il est difficile de ne pas croire d’abord que l’on entre dans un édifice taillé par la main de l’homme. Une longue voûte qui s’élève dans une proportion élégante, des colonnes droites, des angles rentrans et saillans dont les arêtes sont d’une extrême pureté, tout persuade que le ciseau d’artistes habiles s’y est exercé ; car cette grotte n’est point basse comme les cavernes ordinaires, et on n’y distingue aucune pierre, aucun fragment qui ne soit prismatique, symétriquement, parfaitement et régulièrement taillé.

Cette caverne profonde semble une grande église gothique, dont la nef présenterait deux rangées de colonnes qui auraient été brisées et transportées tout debout, mais ayant des hauteurs inégales, à la droite et à la gauche de l’édifice noirci par les flammes. Le fond de la grotte est ténébreux, et fermé comme le chœur d’une chapelle.

La grève est triste et sombre, et a la forme d’un vaste escalier de marbre noir mis en désordre par quelque bouleversement souterrain. Les grands piliers s’étendent comme une longue muraille, et d’un côté, au milieu, on remarque un réduit pareil à un confessionnal obscur. Cet enfoncement bizarre se rétrécit tellement, qu’il n’a, dans la partie la plus reculée, que la largeur d’un fauteuil ; aussi l’a-t-on nommé le fauteuil de Fingal. Le dais de cette cavité est formé de colonnes brisées qui représentent assez exactement une ogive gothique.

La voûte est composée, comme les parois, de colonnades qui se sont séparées à distance à peu près égales, et dont l’une des parties est restée suspendue, tandis que l’autre partie, en tombant, a laissé libre ce long espace qui forme la caverne ; les prismes du bas et du haut se correspondent avec beaucoup d’exactitude. Les basaltes sont étroitement unis, et comme cimentés dans leurs joints par une matière calcaire d’un jaune citron, qui se détache sur la nuance de fer qui est dominante. En plusieurs endroits des galeries, la pierre reflète des teintes vertes et orange-clair. La belle transparence des eaux, lorsque la mer est calme, double l’effet imposant de la variété de ces riches couleurs.

L’île est une propriété ; elle appartient aujourd’hui à la famille des Macdonald, qui l’afferme douze livres sterling par an (302 francs), plutôt pour la pêche, sans doute, que pour tout autre produit de son territoire. La partie extérieure de la voûte est un plateau couvert d’une couche très mince de terre végétale. On a défriché un coin de cette plaine aride, et quelques épis d’avoine y sont venus à grand’peine. Vers le milieu de l’île, on voit encore les débris d’une chaumière. Des vaches et des chevaux, tous de très petite espèce et de couleur noire, paissent à l’entour ; les pâtres ont une physionomie triste. Comme des tempêtes d’une violence effroyable se déchaînent sur Staffa les trois quarts de l’année, ils ne peuvent y habiter : c’est de l’île d’Iona qu’ils viennent avec leurs troupeaux pendant les jours de l’été. Ils n’ont pour distraire leur vue, au milieu de brumes continuelles, que les cormorans qui chassent aux insectes et aux poissons, et les pingouins, les mouettes, les guillemots, s’abandonnant aux vents ou jouant à la surface de la mer.




USAGES POPULAIRES.


Combat des échasses, à Namur. — À des époques solennelles, la jeunesse de Namur, divisée en deux corps, sous les noms de Mélaus et d’Avresses, se livre, élevée sur les longs bâtons appelés échasses, un combat qui offre un étrange spectacle.