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4 Mars 1193. — Mort de Saladin, souverain d’Égypte, de Syrie, d’Arabie et de Mésopotamie. On sait quelle longue surprise la sagesse et la valeur de ce prince excitèrent parmi les Croisés, alors conduits par Richard Cœur-de-Lion et Philippe-Auguste. L’Europe n’avait à cette époque que du mépris pour l’Orient, qu’on supposait uniquement peuplé de barbares. Un des plus grands bienfaits des Croisades a été de briser la barrière qui séparait ainsi ces deux mondes, d’enlever à la chrétienté sa prétention exclusive à la civilisation, et d’ouvrir devant elle un champ immense de poésie, de science et de richesses.




5 Mars 1687. — Un échafaud est dressé par l’ordre de l’empereur Léopold Ier, sur la place d’Epéries, ville de Hongrie ; et, jusqu’à la fin de l’année, pendant neuf mois, sans interruption, les nobles Hongrois qui avaient pris part à la révolution y sont décapités. Les bourreaux, accablés de fatigue et découragés, refusèrent plusieurs fois de continuer les exécutions.




6 Mars 1618. — Incendie du Palais de Justice de Paris.

6 Mars 1678. — Mort de Jean de Launois, célèbre docteur de Sorbonne, surnommé le dénicheur de saints, parce qu’il s’attachait à prouver la fausseté d’un grand nombre de traditions et de légendes. Le curé de Saint-Roch lui faisait, dit-on, de grandes politesses quand il le rencontrait, de peur qu’il ne lui ôtât le patron de son église.




7 Mars 1799. — Siége de Jaffa, en Syrie, par l’armée d’Orient, sous la conduite du général en chef Bonaparte. Celte ville est emportée d’assaut. Le pillage dure deux jours. La peste se déclare dans l’armée française.




8 Mars 1790. — L’Assemblée Nationale, sur le rapport de Barnave, rend un décret qui autorise chaque colonie à faire connaître son vœu sur la constitution, la législation et l’administration qui conviennent à sa prospérité et au bonheur de ses habitans. Il est décidé que les assemblées coloniales seront maintenues d’après de nouvelles instructions, et qu’elles énonceront leur vœu sur les modifications au régime prohibitif entre les colonies et la métropole.




LUTTE DE L’AIGLE À TÊTE BLANCHE ET DU FAUCON PÊCHEUR.

Au bord de la cataracte du Niagara, sur le sable et dans les creux des rochers, de nombreux oiseaux de proie épient au courant de l’eau les poissons qui jouent à la surface, ou les corps des écureuils, des daims et des ours, qui, ayant voulu traverser le fleuve au-dessus de sa chute, ont été entraînés par la rapidité du torrent, et précipités dans le gouffre.

Là, tous les oiseaux trouvent sans peine une riche pâture ; mais les plus habiles et les plus forts d’entre eux ont souvent un ennemi plus habile et plus fort dont le regard veille sur leurs mouvemens et les tient dans une continuelle terreur ; cet ennemi, c’est l’aigle à tête blanche.

L’aigle à tête blanche vit indifféremment à toutes les latitudes. Il rapine en tous lieux, quoiqu’il soit plus souvent attiré par son goût pour les poissons aux rivages de la mer.

Il supporte également les froids les plus rigoureux et les plus grandes ardeurs du soleil. Ou l’a vu planer au milieu de nuages d’où jaillissaient des éclairs. Des hautes régions de l’atmosphère éternellement glacées, il embrasse d’un regard les immenses étendues de nos forêts, de nos campagnes, de nos lacs, de notre océan ; il choisit un but à sa course, et, en un instant, il descend à son gré à l’une des extrémités du globe, au milieu d’un été ou d’un hiver.

S’il s’est arrêté sur le sommet de quelque arbre gigantesque qui domine au loin la terre et l’eau, fier et calme, observe en bas les divers mouvemens des oiseaux de proie de second ordre : les mouettes, les tringa, les grues, les corbeaux ; mais, s’il a découvert le faucon pêcheur, son œil s’anime, sou cou s’alonge et se hérisse, ses ailes se déploient à demi, et frémissent d’attente.

Le bruissement du vol du faucon pêcheur, qui descend avec la rapidité de la flèche, frappe son oreille. Il le voit faire jaillir l’écume de la mer, et bientôt s’élever en portant, avec un cri de joie et de triomphe, un poisson, qui se débat en vain entre ses ongles.

Ce cri de joie, c’est le signal qu’attendait l’aigle à tête blanche : il s’élance, il poursuit, il touche le faucon, qui, plein d’effroi, redouble de vitesse. L’un et l’autre montent dans l’air, brisent leur course par mille détours subits, tracent des cercles, des nœuds, des spirales infinis entre le ciel et la terre, jusqu’au moment où le faucon, fatigué de sa proie, la laisse échapper avec un cri de désespoir.

Mais l’aigle demeure un instant immobile ; il recueille ses forces ; il se précipite en ligne droite, et ressaisit le poisson ensanglanté avant qu’il ait encore effleuré l’eau.

Cette lutte de l’aigle et du faucon est un spectacle très ordinaire, non seulement au bord du Niagara, mais sur toutes les côtes escarpées ou désertes. La rapidité, la force et l’adresse des deux ennemis excitent toujours un intérêt puissant : on ressent à la fin une sorte de regret et d’indignation à voir triompher l’aigle ; on réprouve cette injuste oppression de l’industrie du faucon ; mais il est remarquable que presque jamais on ne songe au rôle que le malheureux poisson a joué dans le combat.




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