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LE BOUCLIER D’ACHILLE.

(Le Bouclier d’Achille, d’après le texte grec.)

La description du bouclier d’Achille, qui facilite beaucoup l’étude des mœurs primitives de l’antiquité grecque, se trouve dans le poème le plus célèbre d’Homère, l’Iliade. — Les savans doutent si jamais ce bouclier a été réellement exécuté par quelque artiste, ou s’il n’a existé que dans l’imagination du poète ; aussi c’est seulement d’après le texte grec que M. Quatremère de Quincy a inventé le dessin que nous avons reproduit. Boivin, membre de l’Académie des belles-lettres, mort à Paris en 1726, avait déjà conçu et proposé un dessin de ce genre, mais il n’était pas parvenu à rendre si complètement les détails du passage d’Homère.


DESCRIPTION. — CHANT XVIIIe DE L’ILIADE.

(Traduction de M. Dugas-Montbel.)

Vulcain jette dans un brasier l’impénétrable airain, l’étain, l’argent, et l’or précieux ; il place ensuite sur un tronc l’énorme enclume ; d’une main il saisit un lourd marteau, et de l’autre ses fortes tenailles.

Il fait d’abord un bouclier large et solide, où il déploie toute son adresse, l’environne de trois cercles radieux, auxquels est suspendu le baudrier d’argent ; cinq lames épaisses forment ce bouclier ; sur la surface, Vulcain, avec une divine intelligence, trace mille tableaux variés.

Dans le milieu, il représente la terre, les cieux, la mer, le soleil infatigable, la lune dans son plus bel éclat, et tous les astres dont se couronne le ciel ; les Pléïades, les Hyades, le brillant Orion, l’Ourse, qu’on appelle aussi le Chariot, qui tourne toujours aux mêmes lieux en regardant l’Orion, et qui, seule de toutes les constellations, ne se plonge point dans les flots de l’Océan.

Sur les bords, il représente deux villes remplies de citoyens : dans l’une on célèbre des fêtes nuptiales et des festins splendides ; on conduit, de leurs demeures, les épouses par la ville, à la clarté des flambeaux. Tout retentit des chants d’hyménée ; les jeunes gens forment en rond les chœurs des danses ; parmi eux les flûtes et les lyres unissent leurs sons mélodieux, et les femmes, debout devant leurs portiques, admirent ces fêtes. Près de là, le peuple est assemblé dans une place publique où s’élèvent de vifs débats : deux hommes plaident avec chaleur pour la rançon d’un meurtre ; l’un affirme qu’il a payé toute la somme, l’autre nie l’avoir reçue ; tous les deux produisent des témoins pour obtenir le succès. Les citoyens applaudissent, chacun à ses partisans ; les hérauts apaisent le peuple, et les vieillards, dans une enceinte sacrée, sont assis sur des pierres que le temps a polies. Les hérauts à la voix retentissante tiennent