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Magasin

rien, mais vous nous direz quelque chose ; vous nous avez promis un joli conte ; cela nous fatiguera-t-il de l’écouter ?

Madem. BONNE.

Je vois bien qu’il faut faire ce que vous voulez, Mesdames ; quand vous êtes bonnes filles, je n’ai pas le courage de vous rien refuser : allons donc nous asseoir dans le jardin, et je vous dirai le conte que je vous ai promis la derniere fois.

La Belle et la Bête. Conte.

Il y avoit une fois un marchand, qui étoit extrêmement riche. Il avoit six enfans, trois garçons et trois filles ; et comme ce marchand étoit un homme d’esprit, il n’épargna rien pour l’éducation de ses enfans, et leur donna toutes sortes de maîtres. Ses filles étoient très-belles ; mais la cadette sur-tout se faisoit admirer, et on ne l’appeloit, quand elle étoit petite, que la belle enfant, en sorte que le nom lui en resta ; ce qui donna beaucoup de jalousie à ses sœurs. Cette cadette qui étoit plus belle que ses sœurs, étoit aussi meilleure qu’elles. Les deux aînées avoient beaucoup d’orgueil, parce qu’elles étaient riches ; elles faisoient lei Dames, et ne voulaient pas recevoir les visites des autres filles de marchands ; il leur falloit des gens de qualité pour leur compagnie. Elles alloient tous

les