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LA JUSTICE DES CHOSES

Nous donnons aujourd’hui le dernier fragment de : La justice des choses. — Le livre sera bientôt publié en volume sous ce titre : La maman qui ne punit pas.

Dans cette œuvre poursuivie avec une sagacité, une persévérance, une pénétration extraordinaires, l’auteur anonyme et de nous inconnu, une mère probablement, suivant pas à pas la vie de ses enfants, a voulu prouver à ses enfants par les faits mêmes que le bien et le mal avaient, dès ce monde, en eux-mêmes, celui-ci sa récompense, celui-là sa punition. La thèse est soutenue avec une vigueur, une lucidité extraordinaire et de nature à convaincre tout enfant qui en suivra le développement. — À ce titre, ce remarquable ensemble de leçons morales devait être publié par le Magasin.

Ce qui pouvait manquer comme couronnement à ces leçons, si justes en elles-mêmes, surabonde à toutes les autres pages de notre œuvre, et nous nous serions trouvés coupables de priver nos jeunes lecteurs d’une démonstration si utile, si positive, si frappante, pour cela seulement qu’elle ne remontait pas autant que nous l’aurions voulu en deçà et au delà des faits purement pratiques de la vie quotidienne. Les excellents livres sont trop rares pour qu’on s’en prive uniquement parce qu’ils sont incomplets en quelques points.

J. H.


LA JUSTICE DANS LA CONSCIENCE

Quand nous marchons dans la campagne, nous voyons tour à tour passer sous nos yeux le vallon, le bois, le ravin, la colline, la rivière, le ruisseau, le gazon, la fleur, et chacune de ces choses nous frappe en elle-même, à part des autres. Le ravin a des recoins et des défilés charmants ; la colline des croupes qui attirent et un air à la fois orgueilleux et bon enfant ; le bois chante et rit, doux asile d’ombre et de rêverie ; le vallon, avec ses replis et ses belles courbes, semble un giron maternel, où la nature invite l’homme à venir cacher sa vie ; le babil du ruisseau fait rêver, car on voudrait savoir ce qu’il dit ; et plus encore la grande nappe glissante et profonde qui va, va, sans repos, si loin, toujours ! Le gazon et la fleur sont nos amis intimes, aussi bien que de tant d’autres habitants de ce monde, qu’ils nourrissent, abritent, charment, consolent. Tous nous sont connus et nous charment par leur nature et leur physionomie particulière.

Puis, quand nous gravissons la montagne qui les domine, à mesure que nous nous élevons sur les rampes, ces choses d’en bas se rapprochent les unes des autres, se mêlent, s’atténuent, et chacune d’entre elles, qui nous paraissait en soi si distincte et si complète, devient peu à peu le trait d’un nouvel ensemble, la partie d’un tout plus grand, qui de plus en plus se dessine. D’autres vallons, d’autres ravins, d’autres bois, d’autres collines, d’autres cours d’eau s’ajoutent aux premiers, et toutes les arêtes, et toutes les pentes, et tous les courants convergent vers un centre commun : le bassin, la grande vallée, où glisse le fleuve immense, en route pour l’océan sans rivages. Chacune de ces