Page:Magasin d education et de recreation - vol 17 - 1872-1873.djvu/348

Cette page n’a pas encore été corrigée

devinrent vives ! La belle saison s’écoulait. Encore deux mois, et l’hiver arctique, c’est-à-dire les âpres brises, les tourbillons de neige, les nuits longues, s’abattrait sur cette portion du continent.

un convoi, composé de quelques hommes et de quatre ou cinq traineaux, quitterait la factorerie pour se rendre au lac de l’Esclave. Ce convoi emporterait une partie des fourrures les plus précieuses, et, Le lieutenant Hobson n’était point | en six semaines au plus, c’est-à-dire vers homme à rester dans une telle incerti- | la fin du mois d’août, pendant que la saitude !

Il fallait prendre un parti, et voici | son le permettait encvre, il pouvait atteincelui auquel il s’arrêta après avoir con- | dre le fort Reliance. sulté ses compagnons. Il va sans dire que Ce point décidé, Thomas Black redevint l’astronome l’appuyait de toutes ses for- | l’homme absorbé qu’il était, n’attendant ces. plus que le moment où la lune, exacte-On était au 5 juillet. Dans quatorze | ment interposée entre l’astre radieux et jours, — le 18 juillet, — l’éclipse solaire | «lui », éclipserait totalement le disque du devait se produire. Dès le lendemain, | soleil ! Thomas Black pouvait quitter le fort Espcrance. 11 fut donc décidé que, si, d’ici là, | les agents attendus n’étaient point arrivés,

JuLES VERNE.

La suile prochainement.

{ Reproduction et traduction interdites.)


LA JUSTICE DES CHOSES

LA JALOUSIE D’ADRIENNE.

Le lendemain matin, Édouard, assez fatigué, sortait d’un profond sommeil, quand sa mère entra dans sa chambre, un peu inquiète de savoir comment il avait passé la nuit. À peine commençaient-ils de causer, qu’Adrienne aussi entra chez son frère. Elle avait un peignoir blanc du matin, et comme la veille, ses yeux étaient rouges. Mais pourtant, dans sa physionomie, rien n’annonçait le chagrin, du moins cette sorte de chagrin qui rend sombre et concentré ; car toute son attitude, au contraire, et son visage portaient l’empreinte d’un rayonnement intérieur, d’une émotion ardente, enthousiaste, tempérée par quelque chose de timide, qui accompagne tous les sentiments profonds.

Elle souhaita le bonjour à sa mère, s’assit près d’elle sur le petit lit d’Édouard, et, s’informant comment le cher Loulou avait passé la nuit, elle l’embrassa pour le remercier de ce qu’il était « très-bien », prit une de ses mains, et une autre de sa mère, les regarda, sourit et se mit encore à pleurer.

« En vérité, mon Adrienne, dit la mère en l’attirant dans ses bras, ce n’est pas Édouard qui est malade ; mais toi bien plutôt. Est-il possible de pleurer ainsi ! Ma fille va se métamorphoser en fontaine. Voyons, qu’as-tu, ma chérie ? Sérieusement, cela est maladif, »

La fillette, suffoquée, ne pouvait que secouer la tête, et enfin, elle dit :

« Non, je ne suis pas malade. Ce n’est pas cela.

— Mais alors, qu’est-ce donc ? » reprit la Maman.

Et ce fut au tour d’Édouard de s’inquiéter de sa sœur, et de joindre ses questions