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Adrienne, tournant la tête de son côté, le regardait d’un air de condoléance.

Il sentit des larmes lui venir aux yeux, et ne voulant pas les laisser voir, il baissa de nouveau la tête sur son cahier, et se mit à griffonner des mots impossibles, derrière le rideau humide qui couvrait sa vue. Au fond, il était irrité, comme S’il n’avait pas été averti.

« Ah ! ils veulent que j’aille au collége !

Eh bien, j’irai, parbleu ! Les autres y vont bien. »

Sur ce mot, les autres, il se rappela les petits garçons qu’il avait vus dans la rue, marcher, le sac au dos, d’un air capable, et l’idée d’être un de ces petits garçons ne lui déplut pas. — Ah ! mais il y avait aussi les pensums !… des choses barbares.

Tout ensemble, cet inconnu l’attirait et l’effrayait.

Lucie B.


CAUSERIES ÉCONOMIQUES

PAPIER-MONNAIE.

Un soir, l’instituteur entre chez le père Dupont au moment où celui-ci montrait à ses enfants et à quelques amis un billet de banque de 50 fr. qu’il venait de recevoir. C’était le premier qu’on eût vu au village.

L’un des assistants dit qu’un billet de banque était comme du papier-monnaie.

« 11 y a donc aussi de la monnaie en papier ? demanda Philippe.

— On en voit dans plusieurs pays, répondit l’instituteur.

— Est-ce que tout le monde peut en faire ? demanda Jean.

— Il ne suffit pas, fut la réponse du père Dupont, d’imprimer sur un carré de _ papier le mot monnaie et d’ajouter un chiffre, pour que ce soit de la monnaie ou du papier-monnaie ; il faut encore que chacun l’accepte en payement d’une dette ou d’une marchandise.

— Le gouvernement, ajouta l’instituteur, est le seul qui puisse battre monnaie. Quand il ne peut pas frapper des monnaies d’or, d’argent et de cuivre, il fait, dans certains pays, du papier-monnaie : mais c’est-là une dette qu’il contracte

envers le public. C’est comme s’il disait : Prenez en attendant le papier, je vous le rembourserai en bonne monnaie, c’est-à-dire en espèces sonnantes, dès que je le pourrai.

pHiiPPe— À qui le gouvernement dit-il de prendre le papier-monnaie ?

L’INSTITUTEUR. — À ses créanciers. Lorsque le gouvernement a des dépenses à faire, et qu’il n’a pas d’argent il paye en

— papier, en bons, en billets, ou comme on

voudra l’appeler. On dit aussi : le gou vernement émet du papier-monnaie. LouIS. — Et comment rembourse-t-il le

papier qu’il a émis ? | L’INSTITUTEUR. — De différentes manières,

Par exemple, il accepte lui-mème le papier

qu’il a émis ; c’est-à-dire qu’on est admis à payer ses impôts en billets. Si le gouvernement détruit (brûle) une partie du pa pier versé dans la caisse dé l’État, c’est.

comme s’il l’avait remboursé. Il n’est plus entre les mains du public. (Il n’est plus en circulation.)

Le gouvernement peut aüssi inviter le public à lui rapporter le papier, ävec pro-