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ED. GRIMARD

de la part de Mme Saujon. Lui qui avait vécu jusque-là si tranquille, jamais grondé, ayant devant les yeux le visage placide de la bonne mère Norite, quel changement !

« Bah ! se dit-il, rappelant à lui toute sa philosophie, je m’y ferai. M. Pierre en a en duré lui aussi ; et même il a reçu des coups ! Ça ne l’a pas empêché de grandir et de devenir bon : je ferai comme lui. »

mm(La suite prochainement.)
P. Perrault.mm


MONOGRAPHIES VÉGÉTALES


LA PLANTE BIENFAITRICE (Suite.)


Un autre bel arbre, c’est le noyer.

Le noyer (juglans), famille des juglandées, est, parait-il, originaire de la Perse ; mais il s’est si bien acclimaté en Europe que l’on peut le considérer comme l’un de nos arbres indigènes.

Qui ne connaît la noix revêtue, avant sa maturité, de cette coque verte que le singe de la fable avait eu le grand tort de mordre à belles dents ! Cette coque appelée brou est en effet d’une amertume telle que nul être vivant ne saurait en supporter le goût. Ce brou sert d’enveloppe à la coquille ligneuse et presque osseuse qui, à son tour, renferme l’amande excellente de la noix comestible qu’on mange successivement à l’état de cerneaux, de noix fraîches et de noix sèches, suivant la saison.

Les noix encore fraîches fournissent par écrasement et par trituration une huile comestible qu’on trouve excellente en certaines contrées, mais à laquelle s’habituent difficilement les consommateurs de l’huile d’olive.


Le genre amandier (amygdalus) est le type de la famille des amygdalées. Dès le début du printemps, ses fleurs d’un blanc rosé et exhalant une douce odeur, donnent le signal d’ouverture à la gracieuse symphonie de couleurs qui, de toutes parts, éclate avec le concours des concertants déjà nommés : pommiers, poiriers, pêchers, cerisiers, abricotiers et autres. Tous connaissent les fruits qui succèdent à ces fleurs d’amandier. Une enveloppe verte, quelque peu rugueuse et velue, puis une coque dure et, dans cette coque plus ou moins résistante selon son âge, l’amande blanche et fine, excellente quand elle est sèche, mais exquise quand elle est fraîche.

L’amandier commun, qui nous intéresse particulièrement, paraît être originaire de la haute Asie et se subdivise en plusieurs variétés auxquelles nous devons l’amandier à petit fruit, l’amandier à gros fruit, l’amande à coque tendre, l’amande sultane, l’amande pistache, etc., qui toutes appartiennent à la classe des amandes douces. Quant aux amandes amères, elles se distinguent par des propriétés caractéristiques, comme saveur et comme odeur, que leur communiquent l’acide cyanhydrique et l’huile essentielle qu’elles contiennent. Ces éléments constitutifs, est-il besoin de l’ajouter ? sont médicamenteux et même vénéneux, grâce au redoutable acide plus haut signalé.

On tire des amandes douces et même des amandes amères (mais dépouillées de leur épiderme) une huile bien connue sous le nom tout indiqué d’huile d’amandes douces que l’on emploie fréquemment en parfumerie, ainsi que dans plusieurs préparations pharmaceutiques.


Le noisetier ou coudrier (corylus), famille des amentacées, se fait remarquer dès le mois de mars par ses longs chatons jaunâtres et pulvérulents qui constituent ses fleurs mâles. Ses fruits qu’on appelle naturellement des noisettes et dont tout le monde apprécie le goût — si fin et si particulier qu’on l’appelle « goût de noisette » — sont tout spécialement estimés quand ils sont fournis par le noisetier avelinier, d’où le nom d’avelines attribué à ses produits. On tire des noisettes