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POUR L’HONNEUR

POUR L’HONNEUR

Par P. PERRAULT

CHAPITRE II


Il était huit heures du matin.

Plus souffrante que de coutume, toute frileuse, Catherine Dortan s’était levée tard. Elle descendait au jardin prendre un bain de soleil, lorsque le concierge l’aborda, lui annonçant :

« Mademoiselle Catherine, il y a là-bas du monde qui vous demande.

— Mon père, peut-être ? Ou bien mon frère Alban ?

— Ni l’un ni l’autre. Ceux qui vous réclament, c’est un petit gars d’une douzaine d’années et un grand beau garçon en uniforme de sous-officier de dragons. »

Bien surprise et pas fixée du tout, Catherine suivit son interlocuteur en se hâtant de son mieux.

Dès qu’elle aperçut Greg :

« Comment ! te voilà ! Sans m’avoir prévenue. Mais, mon enfant, qu’est-il donc survenu ? interrogea-t-elle tout en l’embrassant.

— Ma mère Norite est morte il y a cinq jours. Votre père voulait me garder ; mais il n’a pas besoin de moi, puisqu’il s’en passait bien avant. J’ai dit que je préférais venir vous trouver comme vous me l’aviez recommandé. Je suis d’âge à gagner ma vie. »

Il tira de sa poche la lettre qu’il apportait et ajouta en la remettant à Catherine :

« Tout le monde allait bien chez vous quand je suis parti.

— De quoi est morte notre vieille voisine ?

— Ah !… voilà… On n’en sait rien. Le médecin ne l’a pas vue. Quand je suis allé le quérir, il était à l’opposé du canton, à remettre une jambe cassée. Les médecins… ça manque un peu par là-bas, vrai ! Ma mère Norite m’a dit bien souvent qu’on aurait guéri mon grand-père si les soins avaient moins tardé. Et si j’avais grand-père… », murmura tout bas le petit garçon, retenant mal un sanglot.