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POUR L’HONNEUR

« — Va… »

« Aller où ?…

« Il m’indique la grille du regard.

« — C’est Mlle Gaby que vous réclamez ?

« — Non, non, non…

« — Mais qui alors ?… »

« Enfin, j’arrive à comprendre qu’il désirait parler au comte de Trop.

« Je vole !…

« Celui-ci me suit sans se faire prier.

« Une fois devant le fauteuil de M. Saujon, nous voilà tous les deux à le regarder pour essayer de deviner ce qu’il veut dire.

« Alors le pauvre vieux bégaye :

« — Greg… est… ma voix. »

Et, à moi : « Parle. »

« Si cela m’allait ! vous le pensez, Catherinette. Je ne me suis pas fait prier, je vous l’assure, et j’ai répété tout ce que Mlle Blanche avait dit devant moi.

« Le comte de Trop écoutait, bien surpris.

« Après que j’eus débité mon histoire, l’oncle Charlot joignit ses mains, les souleva, ce qui demande un effort terrible de sa part, et, s’y reprenant à dix fois, finit par articuler en pleurant lui-même :

« — Gaby pleure… Pierre… malheureux. »

« M. Marc nous regardait l’un après l’autre, l’air indécis…

« Enfin, il me commanda d’une voix très douce :

« — Dis tout ce que tu sais, mon petit Greg, tout ! »

« Ça me délie la langue de la belle façon, ce commandement-là !