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MONOGRAPHIES VÉGÉTALES

Les pommiers aiment les terres grasses et profondes et détestent en revanche les sols crayeux et arides, où on les voit dépérir et agoniser pendant des années en proie à des ennemis innombrables : mousses jaunes, brunes ou noires ; lichens gris, fauves ou blancs, qui sucent leurs branches et en boivent la sève.

Combien d’autres encore font aux pommiers une guerre acharnée, sans fin ni trêve. Ce sont la teigne padelle, petite chenille verte qui dévore les feuilles ; des chenilles de bombyces, de noctuelles et de phalènes, de petits charançons gris qui rongent les boutons, des pucerons qui s’attaquent aux fruits, de concert avec des larves diverses de mouches et de tipules, hideux vers blancs et mous qui, sous le couteau à dessert, se tordent et tombent dans l’assiette…

Comment les nommer tous ? Ils s’appellent légions. Logés sous les écorces, dans les feuilles, dans les fleurs, dans les fruits, dans le bois lui-même, ils sont tous là, âpres à la curée, insatiables et à tout jamais invincibles, si l’homme n’avait pour auxiliaire contre eux l’épurateur aérien, l’échenilleur par excellence, qui seul peut lutter contre l’insecte, l’oiseau.

Après le long article que nous venons de consacrer au pommier — et certes il le mérite bien — nous serons bref sur le compte des autres habitants du verger : poirier, pêcher, abricotier, prunier, cerisier, figuier, etc. Tous ces arbres, sauf le figuier, appartiennent à la famille des rosacées. Tous ils décorent la campagne de leurs jolies corolles blanches ou roses et couvrent nos tables de leurs fruits délectables.

Le poirier nous gratifie de ces merveilleuses poires qui s’appellent de noms illustres : les Beurrées, les Doyennées, les Bergamotes, les Bons-Chrétiens et, à leur tête, les exquises Duchesses, dont la pulpe juteuse et fondante résume toutes les délicatesses.

Le pêcher nous donne, outre ses jolies fleurs roses, ces pêches magnifiques dont la chair, qu’elle adhère au noyau ou qu’elle s’en détache dès qu’on ouvre le fruit, constitue tout ce que peuvent fournir de meilleur les fruits les plus exquis.

L’abricotier ne lui cède en rien pour le parfum et la délicatesse.

Le prunier, ne nous offrît-il que la succulente Reine-Claude, pourrait être placé au premier rang. Mais il nous donne encore la Robe-Sergent qui, après cuissons nombreuses et préparations spéciales, alimente toute l’Europe de ces fameux pruneaux d’Agen qu’on mange secs ou bouillis ou confits à l’eau-de-vie.

Le cerisier enchante nos yeux au printemps par ses admirables bouquets de fleurs blanches et égaye nos desserts de ses jolies cerises roses ou d’un rouge presque noir dont le goût est si fin — sans compter qu’il nous fournit par distillation le fameux kirsch des Vosges et, par simple addition de sucre, d’eau-de-vie et d’aromates divers, le ratafia et le marasquin.

Le figuier enfin nous prodigue ses figues sirupeuses, vertes ou violettes, et qu’il en soit béni ! Les figues fraîches, les figues sèches figurent parmi les fruits les plus délicieux.

Maintenant, quittons le verger et gagnons
Rameau de châtaignier.
la campagne. Voici des châtaigniers, des noyers, des amandiers, voire même des noisetiers, sur la lisière de ce bosquet. Commençons par le plus grand et le plus beau de tous.

Le châtaignier (castanea), famille des cupulifères, est un des arbres les plus magnifiques dont puisse s’enorgueillir notre flore européenne. Il peut atteindre en hauteur et sur-