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POUR L’HONNEUR

mouvement musculaire involontaire, qui ne change que dix à treize pour cent de l’air de nos poumons. Pour le reste, nos poumons sont remplis d’air ayant déjà fourni son oxygène à notre sang et que réoxygènent faiblement les dix à treize pour cent d’air nouveau. Mais nous possédons d’autres muscles respiratoires, sous le contrôle de notre volonté, et grâce auxquels les poumons peuvent être presque entièrement remplis d’air. Rejetez les épaules en arrière, élargissez la poitrine, et, en même temps, abaissez le diaphragme et puis respirez longuement, profondément, retenez l’air dans vos poumons pendant quelques secondes et laissez-le s’échapper lentement… Tel est l’exercice qui doit être fait, à quelques minutes d’intervalle, quand nous nous promenons, par exemple.

Trois ou quatre mois de cet exercice suffisent pour développer le buste, élargir la poitrine et prévenir toute maladie dite de poitrine. Cette science de la respiration est, en outre, le principe fondamental d’hygiène permettant de se livrer à l’art du chant. Que de chanteurs — et de professeurs de chant hélas ! — ne s’en doutent point.

La question des vêtements est bien simple. Elle se réduit à ceci : dans tout pays dont le climat est variable ou froid, il faut porter de la laine sur la peau ; de la flanelle légère en été, plus épaisse en hiver, et se vêtir à son goût.

À cette hygiène, purement physique, il nous faut ajouter que, si notre corps a son influence sur l’autre, l’autre, à son tour, agit sur la bête humaine beaucoup plus que nous ne le croyons. Il a été démontré que nos passions, la colère, la jalousie, la haine, ont pour effet d’altérer les combinaisons chimiques dont notre corps est le laboratoire incessant. À nous donc d’entretenir notre santé physique par notre santé morale ; le vieil adage peut s’entendre : un esprit sain conservant un corps sain. Soyons vertueux par esprit de sécurité personnelle et d’égoïsme, l’égoïsme qui régit le monde !…

Jacques Lermont.

POUR L’HONNEUR

Par P. PERRAULT

CHAPITRE IX


Pierre fut singulièrement déçu lorsqu’il mit pied à terre devant l’hôtel que lui avait indiqué Césaire Fochard.

Où était la tranquillité prédite ?

Aussi bien au premier étage qu’au rez-de-chaussée, tout paraissait sens dessus dessous ; et, à cette heure tardive, sous la lumière du gaz, des ouvriers tapissiers travaillaient encore.

Quelle pouvait être la cause de ce bouleversement ?

Il s’informa :

« Nous avons demain une soirée de contrat, après-demain un dîner de noce de cinquante-quatre couverts et un dîner politique de quatre-vingt-dix : de quoi perdre la tête, monsieur, gémit le vieux bonhomme préposé à la garde du bureau. Si seulement il y avait un jour d’intervalle entre les deux dîners ! Mais les circonstances ne l’ont pas permis. Vous voudrez bien nous excuser, monsieur, au cas où, pendant ces quarante-huit heures, le service laisserait à désirer. »

« Je passe de fiançailles en noce ; serait-ce un présage ? » pensait Pierre, distrait, n’écoutant qu’à demi le caissier poursuivre :

« Et nous allons être forcés de vous mettre au second, dans le logis qui est au fond de la cour : les deux étages de ce côté sont loués au complet. »