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ED. GRIMARD

Tout l’après-midi, Mme Fochard eut des visites. Aussi rapidement que la nouvelle de son arrivée, le bruit du départ de Pierre s’était répandu. On voulait lui serrer la main, lui exprimer le désir de le revoir. Reviendrait-il à Saint-Varent ?

« Peut-être, répondit Marcenay à cette dernière question, mais pas avant que Fochard m’ait rendu ma visite.

— Oh ! moi, fit le Vendéen, je ne me déplace que dans les grandes circonstances ; j’irai en Bourgogne quand tu te marieras. »

Pierre eut un involontaire sourire. Une vision se dressa devant lui, si charmante que toute sa physionomie s’éclaira de la joie soudain éclose en son âme.

Omer ne dit rien : tant de curieux les observaient ! Mais, en conduisant son ami à la gare, il lui posa la question par ces mots :

« Ton choix est fait : ne dis pas non.

— Je ne dis pas non », repartit Pierre.

Et il ajouta, triste sans savoir pourquoi :

« Ne m’en veux pas de mon silence ; ce n’est encore qu’un rêve, fragile… comme tous les rêves… »

mm(La suite prochainement.)
P. Perrault.mm

MONOGRAPHIES VÉGÉTALES


LA PLANTE BIENFAITRICE (Suite.)


Le Pin (Pinus) n’a comme tous ses verts congénères que des « aiguilles » à la place de feuilles, qui, par deux, trois ou cinq, sont réunies dans chaque gaine. Les pins se font presque tous remarquer par leurs formes originales. Ce n’est point que tous soient beaux, mais tous ont une physionomie qui « fait paysage », sans parler de ceux dont la beauté s’impose.
Pin parasol.
Qu’ils s’élancent en pyramide ou s’arrondissent en parasol, quelle majesté dans la silhouette qu’ils profilent sur l’azur des ciels méridionaux !

Mais c’est moins encore par ce qu’il paraît être que par ce qu’il vaut, que se recommande notre pin modeste et utile. Oui, utile et modeste, tels sont les deux qualificatifs qui lui conviennent essentiellement. Le pin n’a pas de prétention. Jamais on ne remarque en lui cette espèce de pose qui caractérise certains arbres, cette coquetterie d’allures ou ce miroitement de feuilles qui, chez le saule, le peuplier, le tremble surtout, papillote et tire l’œil. Les conifères sont des arbres toujours sérieux, souvent tristes, parfois lugubres, témoin les ifs et les cyprès funéraires. Leurs branches droites s’agitent avec une raideur solennelle et produisent sous le vent tantôt un sifflement monotone et doux, tantôt un sourd murmure qui, sur les côtes, semble vouloir imiter, le lointain mugissement de la mer.

Ah ! c’est que c’est un austère et fécond travailleur, une honnête nature qui donne à l’homme les produits les plus sains, les plus purs que l’industrie puisse mettre à profit et dont elle retire des remèdes efficaces et des antiseptique de premier ordre : térébenthine, résine, goudron, etc., dont les innombrables extraits sont tous de valeur inappréciable.

La direction rectiligne des tiges du pin les