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COLETTE EN RHODESIA

Les anciens employaient le brou de la noix à teindre la laine et les cheveux. On s’en sert encore, aujourd’hui, dans la teinture. On en tire aussi une boisson stomachique et vermifuge, et les feuilles servent à confectionner des tisanes remarquablement toniques et reconstituantes.

C’est dans une catégorie spéciale de beaux arbres qu’on appelle arbres verts, appartenant à la famille des conifères, que nous allons trouver quatre personnalités végétales qui certes méritent bien que nous leur consacrions quelques pages. Ce sont le pin, le sapin, le mélèze et le cèdre.

Ed. Grimard.
(La suite prochainement.)

LES CHERCHEURS D’OR DE L’AFRIQUE AUSTRALE

COLETTE EN RHODESIA
(La guerre au Transvaal)
Par ANDRÉ LAURIE


XIX

À Marseille. Terre natale !


Les jours s’écoulaient ainsi et un beau matin le Polynésien entrait majestueusement dans la rade ensoleillée de la Joliette. Il stoppait en exhalant la vapeur de ses chaudières, il venait s’amarrer à quai et les ponts volants s’abattaient sur sa hanche de bâbord.

On foulait donc le sol français ! Colette se sentait à cette idée comme étourdie et grisée. Au premier pas qu’elle fit sur la terre natale, Martial Hardouin, voyant sa femme s’agenouiller comme si elle cherchait un objet perdu, s’était approché, s’offrant à l’aider, et, un peu rougissante, elle avait murmuré quelques paroles vagues sur son mouchoir tombé. Mais déjà l’œil de Gérard, avait démêlé la vérité. Profondément française, ayant gardé au fond des forêts africaines ce culte ardent du pays que connaissent surtout ceux qui en ont été déracinés, elle n’avait pu se tenir de donner à sa chère France le signe d’amour respectueux que l’on met au front d’une mère.

« Petite masque ! s’écria Gérard, que ses vingt-trois ans, pas plus que la dignité d’épouse et de mère de Colette, n’avaient guéri de la manie de taquiner sa sœur. Tu l’as embrassée ! Je l’ai vu ! Je vous la dénonce, Hardouin !… D’ailleurs, j’ai fait comme elle — la première fois, s’entend ! — Aujourd’hui, je suis cuirassé. Mais, moi, j’y suis allé carrément. Je n’ai pas usé de subterfuge. Vous n’avez pas honte, madame, de prévariquer de la sorte ?

— Je n’ai pas prévariqué ! protesta Colette, qui ne put s’empêcher de rire. J’avais vraiment laissé tomber mon mouchoir…

— Pour te préparer un alibi ! Aggravation de crime ! Tromper son monde et garder les dehors de la vertu, c’est proprement le procédé d’Albion. On voit, madame Colette, que vous avez fréquenté l’Anglais.

— Eh bien, dit Colette gaiement, s’il en est ainsi, oublions au plus vite notre teinture d’exotisme, et plongeons-nous dans l’élément natal. Dieu, quelle joie de se retrouver en France ! Qu’il est doux et étrange d’entendre de tous côtés résonner notre langue — même avec l’accent marseillais ! Que ces magasins sont brillants, ces rues superbes, ces uniformes, ces visages français agréables à l’œil ! Je n’avais pourtant rien oublié de toutes ces choses, mais tant d’impressions nouvelles avaient passé sur elles qu’elles étaient submergées.