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MONOGRAPHIES VÉGÉTALES

Puis, à pas lents, encore pensif, il franchit le reste des degrés.

Ses nougats offerts à Caroline, qui lui rendit en échange une caresse, — chose rare, — ses présents admirés de toute la maison, à commencer par l’oncle Charlot, Greg transporta chez lui la caisse et son contenu.

Ce n’étaient pas les gants, le cache-nez et le reste qui le captivaient à cette heure.

Tout était serré dans ses tiroirs ; tout, hors le vieux livre, dont la reliure usée aux angles révélait l’usage permanent qu’on en avait dû faire.

« Qu’est-ce que tu en dirais, toi, grand-père, de tout ça ? »

Il semblait à Greg être avec son aïeul en posant ses mains là où tant de fois celui-ci avait appuyé les siennes. Il ne l’avait pas connu bien longtemps, l’ayant perdu depuis six ans déjà !…

En son souvenir, il entrevoyait un grand corps flottant dans une misérable houppelande, et se soutenant à l’aide d’un bâton ; des cheveux de neige tombaient épars sur un front où la douleur, et quelque chose de plus amer encore, de lourd comme la honte, avait creusé des plis humiliés au dessus des yeux mornes, usés par les larmes.

Mais il l’aimait, ce pauvre vieux qui retrouvait encore un sourire pour lui ; et il l’avait bien mieux aimé plus tard… quand il avait su…

Le livre s’était ouvert de lui-même à la page sans cesse consultée. Et Greg lisait, s’arrêtant aux phrases soulignées d’un trait au crayon :

Vous savez qu’il a été dit : œil pour œil, dent pour dent.

Et moi je vous dis de ne point résister à ceux qui vous traitent mal…

Puis, plus loin :

Aimez vos ennemis.

Bénissez ceux qui vous maudissent.

Faites du bien à ceux qui vous haïssent.

Priez pour ceux qui vous persécutent et qui vous calomnient.

Cette dernière phrase était soulignée trois fois.

Et votre récompense sera grande, et vous serez les enfants de votre Père céleste, qui fait lever son soleil sur les bons et sur les méchants, qui envoie sa pluie sur les justes et sur les injustes…

Ce que vous voulez que les autres fassent pour vous, faites-le aussi pour eux.

Longtemps, longtemps, Greg demeura le regard fixé sur la page soulignée, méditant, non sur ces divins conseils, mais sur les circonstances qui avaient amené son grand-père à les relire si souvent.

Et, tenant toujours le livre entre ses mains, il répétait : « Oh ! grand-père ! grand-père ! conseille-moi ; commande-moi ma conduite ! Je voudrais faire ce que tu ferais si tu étais à ma place… Mais, comment saurais-je ? Je suis si petit ! pas treize ans ! Je t’en prie, aide-moi !… »

mm(La suite prochainement.)
P. Perrault.mm

MONOGRAPHIES VÉGÉTALES


LA PLANTE BIENFAITRICE (Suite.)


Après le chêne viennent en série une foule d’arbres superbes dont l’utilité ne le cède guère à celle du roi des forêts. Le hêtre, l’orme, le noyer, le frêne, le pin, le sapin, le mélèze, le cèdre, le genévrier, le buis… les voilà tous avec leur tronc magnifique, leurs branches puissantes et la texture de leurs bois, qui, pour aussi différents qu’ils soient, n’en constituent pas moins les précieux éléments des industries les plus diverses. Un mot sur chacun d’eux.

Le Hêtre (Fagus), de la famille des cupulifères, concourt avec le chêne à l’ornement de nos plus belles forêts. Bois dur et compact employé par les charpentiers, les boisseliers et les tourneurs ; excellent, d’autre part, pour le chauffage.

L’Orme (Ulmus), famille des ulmacées, et