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vigueur, d’une souplesse peu ordinaire, due à la pratique constante des exercices physiques, et qui ne grisonnent jamais avant l’âge de soixante ans.

Du reste, la population de Pétropavlovsk se montrait bienveillante, hospitalière, et, s’il y a un défaut à lui reprocher, c’est de n’aimer que le plaisir.


Et, en réalité, pourquoi s’astreindre au travail, lorsqu’on peut se nourrir à peu de frais ? Le poisson, le saumon surtout, sans parler des dauphins, abonde sur ce littoral, et les chiens eux-mêmes s’en nourrissent presque exclusivement. Ces chiens maigres et robustes, on les emploie au tirage des traîneaux. Un instinct très sûr leur permet de s’orienter au milieu de si fréquentes tempêtes de neige. À noter que les Kamtchadales ne sont pas seulement pêcheurs. Les quadrupèdes ne manquent point, zibelines, hermines, loutres, rennes, loups, moutons sauvages, dont la chasse est assez fructueuse.

Les ours noirs se rencontrent également en grand nombre dans les montagnes de la presqu’île. Aussi redoutables que leurs congénères de la baie d’Okhotsk, il faut prendre certaines précautions. Lorsqu’on s’aventure aux environs de Pétropavlovsk, des agressions sont toujours à craindre.

La capitale du Kamtchatka ne comptait pas alors plus de onze cents habitants. Sous Nicolas Ier, elle fut entourée de fortifications que, pendant la guerre de 1855, la flotte anglo-française détruisit en partie. Ces fortifications se relèveront, sans doute Pétropavlovsk est un point stratégique de grande importance, et il importe de garantir cette superbe baie d’Avatcha contre toute attaque.

L’équipage du Saint-Enoch s’occupa aussi de refaire la provision de bois en vue d’une longue traversée, et pour le cas où l’on pêcherait quelque baleine. Mais se procurer ce combustible sur le littoral du Kamtchatka ne fut pas aussi facile que sur le littoral de la mer d’Okhotsk.

Les hommes durent s’éloigner de trois ou quatre milles pour se rendre à une forêt qui couvre les premières rampes du volcan de Koroatski. Il y eut donc nécessité d’organiser un transport par traîneaux attelés de chiens, afin de rapporter le bois à bord.

Dès le 6 octobre, maître Cabidoulin, le charpentier Thomas et six matelots, munis de scies et de haches, montèrent dans un traîneau, loué par le capitaine Bourcart, et que