dine de dix-sept ans, chez qui on n’aurait pas soupçonné un talent de cet ordre.
— Combien ?
— Quarante.
— Elles sont bien venues ?
— Oui, père !
— Et toi, Nicole, quelles observations as-tu recueillies ?
— J’ai tenu, selon vos ordres, la longue-vue braquée sur Boulouwayo, depuis onze heures jusqu’à midi. Pas un signe, pas un mouvement ne s’est manifesté aux alentours. Cependant… »
La jeune fille s’arrêta modestement, hésitante.
« Cependant, quoi ? Parle.
— Je veux dire que cette inertie même pourrait être suspecte ; que peut-être elle n’est qu’apparente et cache quelque projet hostile. Il est rare qu’on les voie si tranquilles… »
Au même instant Cadet survint et, sans que sa placidité habituelle parut en rien altérée :
« Père, un mouvement offensif de l’ennemi… Il sort en force de Boulouwayo…
— Qu’appelles-tu en force ?…
— Trois mille hommes environ — de l’infanterie — en marche sur nous, et sur le flanc gauche un gros de cavaliers…
— Il faut voir cela », dit Agrippa.
Sans se presser, il se leva, pour se rendre de son pas pesant à la tranchée. Là il prit la lunette, l’appuya sur l’épaulement de terre et longuement regarda.
(La suite prochainement.)