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EN FINLANDE

« gros bonnets » de notre association, les membres du comité des plaisirs et les rédactrices de notre journal. Élections par voie du scrutin secret, renouvelables tous les six mois.

Le comité des plaisirs était ainsi nommé parce qu’il était chargé du soin de découvrir de nouveaux amusements et de mener à bien la tâche ardue de passer d’un projet à l’exécution de ce projet. Aïno en fit partie, ainsi que moi, assez embarrassée de mon rôle, mais préférant pourtant cela à d’autres fonctions plus délicates encore, comme celles de rédactrice de notre journal. Toute association qui se respecte ne peut manquer d’avoir son « organe officiel », avec son rédacteur en chef, son secrétaire et ses collaborateurs attitrés. Hanna fut nommée secrétaire, ce qui nous promettait de gais articles, et Sigrid une des rédactrices, à sa grande joie. Le quatuor se trouvait ainsi occupé, sans être par trop séparé.

Indépendamment de ces heureuses élues, il devait y avoir presque chaque fois des élections pour les ménagères chargées de préparer et de servir le thé, d’acheter quelques biscuits et gâteaux et de confectionner des tartines : choses simples, faciles, qui semblaient conférer à chacune des élèves un honneur et une responsabilité.

Tout cela ne se fait pas sans argent, dans aucun pays du monde, pas même chez nous, où les choses de première nécessité sont si bon marché, mais où, par contre, l’argent est rare. Aussi devions-nous avoir une caisse et un trésorier dans le comité des plaisirs ; nos fonds étaient constitués par une légère cotisation de chacun des membres du convent et par des dons, anonymes ou autres.

Je ne voudrais pas donner le compte rendu de nos séances du commencement, avec leurs tâtonnements inévitables ; mais je me souviens d’un certain jour où je conduisis à une de nos réunions une petite amie de passage, et, en ayant fait le récit à ma sœur Elsa le lendemain, le souvenir de ce jour mémorable se trouva fixé par écrit, en toute sincérité.

À quatre heures et demie, nous entrons dans le grand hall de l’école. Des fillettes revêtues de longs tabliers blancs s’empressent auprès de nous. Ce sont les petites ménagères chargées de nous recevoir. Elles nous introduisent dans une immense pièce éclairée par six fenêtres. Au fond s’élève une estrade destinée à la présidente. Toute la partie moyenne de la salle est occupée par des groupes de fillettes assises auprès de petites tables.

À notre arrivée, tout le monde se lève gentiment pour nous faire fête. Quelle joie sur ces visages souriants ! quelle clarté dans ces yeux brillants ! Ce ne sont pas des petites pensionnaires dans leur école ; ce sont des enfants, qui, chez elles, font en toute liberté les honneurs de leur home. Aucune crainte, aucune gêne, et les quelques maîtresses, parmi elles, sont là comme amies, comme mentors bénévoles et non comme graves professeurs ou juges sévères.

Nous nous asseyons, nous aussi, à une petite table. On nous passe un programme joliment calligraphié et portant la date du jour.


première partie

1o Musique à quatre mains.

2o Dissertation.

3o Chant.

4o Déclamation.

Intermède.


deuxième partie

1o Lecture du journal du courant.

2o Exercices de la société de gymnastique.

3o Conférence contradictoire.

4o Chant.

5o Danses ou jeux variés.


Le piano résonne sous les doigts agiles de deux fillettes, et les conversations aussitôt se taisent. C’est une brillante marche de Scharwenka qui met tout le monde en gaieté et qu’on applaudit chaleureusement.

La dissertation qu’Aïno s’était chargée de nous faire, à son choix, porte sur une femme auteur, très appréciée en Suède et en Fin-