LA GRANDE FORÊT
niers dans cette case, elle fut presque aus sitôt tranchée. La porte tourna sur ses at taches de liane et Li-Mai parut. Tout d’abord, le petit alla droit à Llanga et lui fit mille caresses que celui-ci rendit de bon cœur. John Cort avait donc l’occasion d’examiner plus at tentivement cette singulière créature. Mais, comme la porte de la case était ouverte, Max Huber proposa de sortir et de sc mêler à la population aé rienne. Les voici donc hors de la case, guidés parle petit sauvage — ne peut-on le qualifier ainsi ? — qui donnait la main à son ami Llanga. Ils sc trou vèrent alors au centre d’une sorte de carrefour où passaient et repassaient des Wagddiens « allant à leurs affaires ». Ce carrefour était planté d’arbres ou plutôt ombragé par les têtes d’arbres dont les ro bustes troncs supportent cette construction aérienne. Elle re 15 posait à une centaine de pieds au-dessus du sol sur les maî tresses branches de ces puis sants bauhinias, bombax, bao babs. Faite de pièces transver sales, solidement reliées par des chevilles et des lianes, une couche de terre battue s’éten dait à sa surface, et, comme les points d’appui étaient aussi solides que nom breux, le sol factice ne tremblait pas sous le pied. Et, même par les violentes rafales qui passaient parfois à travers les hautes cimes, c’est à peine si le bâti de cette superstructure en ressentait un léger frémissement. Par les interstices du feuillage pénétraient les rayons solaires. Le temps était beau, ce jour-là. De larges plaques de ciel bleu se montraient au-dessus des dernières branches. Une brise, chargée des pénétrantes sen teurs de la forêt, rafraîchissait l’atmosphère.
Tandis que déambulait le groupe des étran gers, les Wagddis, hommes, femmes, en fants, les regardaient sans manifester de surprise. Ils échangeaient entre eux divers propos, d’une voix rauque, phrases brèves
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prononcées précipitamment et mots inintelli gibles. Toutefois, le forelopcr crut entendre quelques expressions de la langue congolaise, et il ne fallait pas s’en étonner, puisque LiMai s’était plusieurs fois servi du mot « ngora ». Cela pourtant semblait inexplicable. Mais, ce qui l’était bien davantage, c’est que John Cort fut frappé par la répétition de deux ou trois mots allemands, entre autres celui de « vater » et il fit connaître cette particularité à ses compagnons. 1. Père, en allemand.