Page:Magasin d'Éducation et de Récréation, Tome XIII, 1901.pdf/215

Cette page a été validée par deux contributeurs.
214
A. MOUANS

plus curieux, c’est le Jaquier ou arbre à pain, appartenant à la famille des morées. Sa longue tige, qui s’élève jusqu’à quinze ou dix-huit mètres de hauteur, est chargée de rameaux très nombreux qu’ornent de grandes feuilles découpées. Toutes ses parties laissent découler
Bananier.
par incisions un suc laiteux qui durcit au contact de l’air. Le fruit de cet arbre curieux, de forme arrondie et ressemblant à un œuf d’autruche, fournit aux Cingalais leur principale nourriture. Il est rempli d’une pulpe blanche, farineuse et de goût fort agréable. On le mange tantôt bouilli en son entier, tantôt découpé en tranches que l’on fait rôtir, le tout pouvant se prêter à diverses préparations culinaires. On dit que deux ou trois jaquiers suffisent à la nourriture d’un homme pendant tout le cours de son existence.

Du pain, passons au chocolat.

— Au chocolat !

— Oui, chocolat tout à l’heure ; mais com­mençons par le cacao.

Le cacao nous vient du cacaoyer.

Le cacaoyer, dont le nom botanique est Theobroma (mot grec qui ne signifie rien moins que nourriture des dieux), est un bel arbre de dix à douze mètres de hauteur. Ses feuilles, lon­gues et acuminées, sont de couleur rougeâtre tout d’abord, puis deviennent d’un beau vert foncé, rayé de nervures jaunâtres, quand elles atteignent tout leur développement ; ses fleurs, d’un jaune tirant sur le rouge, semblent jaillir des branches et du tronc lui-même et produisent des baies ovoïdes de douze à vingt centimètres de longueur que relèvent des côtes peu saillantes, mais ru­gueuses et qui, vaguement, rappellent celles du melon. Dans l’intérieur de ces baies sont rangées, côte à côte, une douzaine de graines en forme d’amande qu’enveloppe une pulpe gélatineuse d’un blanc rosé et de saveur aigrelette.

Et ces graines, s’il vous plaît, ne sont rien moins que ce cacao fameux qui sert à la fabrication du chocolat. Pénétré de son importance, le ca­caoyer a compris qu’il faut produire et produire sans cesse pour subvenir aux exigences de tous les amateurs de chocolat, jeunes et vieux — jeunes surtout. Et c’est pour cela que la frondaison, la floraison et la fructification de ce vaillant cacaoyer sont choses permanentes ; c’est d’un bout de l’année à l’autre que se combinent, sur cet arbre aux colorations pittoresques, le vert des feuilles avec le jaune et le rouge des fruits et qui feraient du cacaoyer la gloire des jardins, alors même qu’il ne ferait pas d’ores et déjà la fortune des chocolatiers.

Les cacaoyers sont cultivés, depuis le com­mencement du xviiie siècle, dans toutes les colonies de l’Amérique tropicale. C’est en