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LA FOUX-AUX-ROSES

— Sois tranquille, papa », dit Norbert, auquel ces graves paroles donnaient une certaine importance à ses propres yeux.

Jacques avait écouté en silence, très vexé de la supériorité que trois années donnaient sur lui à son frère, et, plus que jamais irrité contre sa petite cousine, il se remit à l’étude d’un air maussade.

A. Mouans.

(La suite prochainement.)


MONOGRAPHIES VÉGÉTALES


LA PLANTE BIENFAITRICE (Suite.)


Un dernier mot sur un dernier palmier qui s’appelle le coryphe du Malabar. Celui-là se distingue par la beauté majestueuse du parasol de verdure qui vient, à une hauteur de vingt à trente mètres, couronner son grand stipe élancé. Ce parasol de plus de quinze mètres de largeur est formé par des feuilles d’une si extraordinaire dimension, qu’une vingtaine de personnes peuvent, sous l’une d’elles, s’abriter de la pluie ou du soleil.

Une particularité plus étrange encore chez ce coryphe, c’est qu’il ne fructifie qu’une seule fois. Vers l’âge de quarante ou cinquante ans, il sort de sa couronne une feuille roulée en cornet, nommée spadice contenant, en nombre incalculable (de quinze à vingt mille, parfois), des fleurs formant un amas énorme d’où naissent, en pareil nombre, des fruits qui mettent quatorze mois à mûrir. Cette production formidable signale la mort du pauvre coryphe qui, épuisé par cet effort, languit longtemps, puis se dessèche et finit par mourir, incapable qu’il est de se relever de cette épreuve redoutable.

Les Indiens confectionnent, avec les feuilles incomparables de ce palmier, des tentes, des parapluies ou parasols, des couvertures, des toits. Les noyaux des fruits (qui ressemblent à des petites pommes) sont tournés, polis, peints en rouge et servent à faire des colliers dont se parent les hommes et les femmes. Quant au suc que l’on extrait du spadice, il fournit un vomitif très violent qu’emploient à tort et à travers et au détriment de leurs clients les prétendus médecins de ces pays barbares.

Parmi les plantes alimentaires des régions exotiques, il en est une de physionomie toute spéciale qui s’appelle d’un nom bien connu, c’est le Bananier (Musa paradisiaca). Ce n’est pas un arbre, c’est une plante herbacée de taille gigantesque qui appartient à la famille des musacées. Le bananier commun, surmonté du large feuillage, porte trois ou quatre régimes renfermant chacun une cinquantaine de baies appelées bananes. Ces fruits, réunis en bouquets, sont allongés, de forme prismatique triangulaire et enveloppés d’une écorce qui, d’abord verte puis jaune, renferme une pulpe molle, féculente et sucrée très nutritive et d’un goût délicat. Sitôt que le fruit est mûr, les feuilles et la tige se dessèchent et meurent, si bien que le bananier naît, grandit, fleurit et fructifie dans l’espace d’un an ou dix-huit mois.

Il est de tradition populaire, chez les chrétiens d’Orient, que le Lignum vitæ ou arbre de vie dont le Seigneur avait interdit à nos premiers parents de manger le fruit, n’était autre chose que le bananier d’où lui est venu son nom bananier du paradis.

Quoi qu’il en soit, dit M. Arth. Mangin, et si tant est que Dieu ait jamais interdit à l’homme l’usage des bananes, il faut croire que cette défense est levée depuis bien des siècles, car ce fruit constitue, pour les habitants des zones tropicales, la majeure partie de leur nourriture. Les bananes se mangent crues ou cuites au four et fournissent parfois, après certaines préparations, une fécule dont on fait d’excellents potages.

Pour un arbre alimentaire, en voici un des