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LA GRANDE FORÊT

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buffles et autres, qui venaient d’habitude se couvert, contre cette pluie tenue, qui glissait désaltérer à cette place. sur les feuilles. Or, de mêler ces bouses à un foyer flam­ Pendant la première partie de la journée se bant — ce qui produit une épaisse fumée montrèrent quelques singes le long de la rive d’une âcreté particulière — • c’est le meilleur moyen et peut-être le seul d’éloigner les moustiques. Les indigène l’emploient toutes les fois qu’ils le peuvent et s’en trouvent bien. L’instant d’après, un gros tas s’élevait au pied des bana­ niers. Le feu fut ravivé avec du bois mort. Le foreloper y jeta plusieurs bouses. Un nuage de fumée se dégagea et l’air fut aussitôt nettoyé de ces insupportables insectes. Le foyer dut être entretenu pendant toute la nuit par John Cort, Max lluber et Khamis, qui veillèrent tour à tour. Aussi, le matin venu, bien remis grâce à un bon som­ meil , ils reprirent dés le petit jour la descente du rio Johausen. Rien n’est variable comme le temps sous ce climat d’Afri­ que équatoriale. Au ciel clair de la veille succédait un ciel grisâtre qui promettait une journée pluvieuse. Il est vrai, les nuages se tenaient dans les basses zones. Aussi ne tomba-t-il qu’une pluie droite, une vingtaine de grande taille, qui line, simple poussière liquide, néanmoins fort semblaient enclins à reprendre les hostilités de désagréable à recevoir. la veille. Le plus sage était d’éviter tout con­ Par bonheur, Khamis avait eu une excel­ tact avec eux, et on y parvint en maintenant lente idée. Ces feuilles de bananier, de l’es­ le radeau le long de la rive gauche, moins pèce « en se té » sont peut-être les plus fréquentée par les bandes de quadrumanes. John Cort lit judicieusement observer que grandes de tout le règne végétal. Les noirs s’en servent pour la toiture de leurs pail­ les relations devaient être rares entre les lettes. Rien qu’avec une douzaine, on pouvait tribus simiennes des deux rives, puisque la établir une sorte de taud au centre du radeau, communication ne pouvait s’établir que par en liant leurs queues au moyen de lianes. les ponts de branchages et de lianes, malai­ C’est ce que le foreloper avait fait avant de sément praticables même à des singes. On « brûla » la halte de la méridienne, et, partir. Les passagers se trouvaient donc à