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ANDRÉ LAURIE

façons et particulièrement dans la confection de certains savons.

Le cocotier prospère dans toute la zone torride. Il affectionne le voisinage des mers, comme les peuplades maritimes de ces régions, où elles sont retenues par les bienfaits que leur prodigue ce végétal précieux qui fournit à l’homme de quoi suffire à tous ses besoins. Sa tige, ses feuilles, ses fibres ligneuses, ses fruits, enfin, servent à l’abriter, à le vêtir, à le désaltérer, à l’enivrer même et à le guérir d’une partie de ses maladies. Le cocotier est donc, non moins que le dattier, la fortune des cultivateurs indigènes et l’exportation assurée des produits de cet arbre, aussi utile qu’il est magnifique, devrait inspirer à beaucoup d’entre eux le désir de donner à cette culture toute l’extension qu’elle mérite.

L’Arec ou Aréquier, genre de palmiers originaire de l’Amérique et de l’Inde, produit un drupe charnu contenant une seule graine à périsperme corné. L’arec de l’Inde ressemble au cocotier. Son fruit, également nommé arec, est une noix ovoïde de la grosseur d’un œuf de poule. La pulpe de ce fruit, tendre et astringente, entre dans la composition de l’espèce de pâte appelée bétel.

Les rotangs sont encore des palmiers, mais des palmiers minces, longs, souples, grimpants et rampants et qui atteignent une longueur paradoxale. Il y a, dans l’Inde, des rotangs dont les tiges, épaisses de trois ou quatre centimètres et longues de plus de cent cinquante mètres, s’enlacent aux arbres, passent de l’un à l’autre ou rampent sur le sol, comme de véritables serpents végétaux, dans les ondulations desquelles le voyageur sent parfois s’embarrasser ses jambes, non sans un certain frisson.

Ces tiges sont quelquefois tellement serrées les unes contre les autres, qu’elles forment des palissades que les petits oiseaux eux-mêmes ne peuvent traverser. L’on fait, avec certaines espèces de rotangs, des cannes(appelées joncs ou rotins), ou même des meubles, lorsque les tiges ont acquis une grosseur suffisante. Enfin, avec les fibres de ces petits palmiers flexibles, on fabrique des cordages d’une résistance telle qu’ils servent à la confection de certaines amarres de navires et qu’ils contiennent, même en ses plus terribles violences, la colère des éléphants indomptés.

Ed. Grimard.

(La suite prochainement.)


LES CHERCHEURS D’OR DE L’AFRIQUE AUSTRALE

COLETTE EN RHODESIA
(La guerre au Transvaal)
Par ANDRÉ LAURIE

VI

Le colonel Riderstone.


De Massey-Dorp à Boulouwayo, il n’y a guère, en droite ligne dans la direction du nord au sud, que deux cents kilomètres, mais le chemin se réduit à une « piste » tracée par les wagons à bœufs et les chevaux, à travers monts et vallées, à travers torrents et ravins, sans ponts, sans relais ou ressources d’aucune sorte. Aussi faut-il compter au minimum cinq étapes même pour d’infatigables poneys sud-africains.

Le but de Benoni, en se dirigeant sur ce poste avancé de la puissance anglaise aux confins méridionaux de la Rhodesia, était d’entrer en rapports directs avec l’Intelligence department ou Bureau des renseignements militaires, et spécialement avec son fameux chef, le colonel Riderstone.

Quel régiment commandait le « colonel » ? C’est ce que Benoni eût été fort en peine de dire et ce que beaucoup de gens mieux infor-