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LA GRANDE FORÊT

tentative ne pouvait être faite avec chance de succès. De quel côté se fût-on dirigé pour retrouver le docteur ?... Si encore quelque indice eût existé, peut-être John Cort eût-il regardé comme un devoir d’aller à son secours, peut-être Max Huber sc fût-il considéré comme l’in­ strument de son salut, désigné par la Providence ?... Mais rien, rien que ces phrases morcelées du carnet et dont la dernière figurait sous la date du 25 août, rien que des pages blanches qui furent vai­ nement feuilletées jusqu’à la dernière I... Aussi John Cort de dire : « Il est indubitable que le docteur est arrivé en cet en­ droit le 9 août et que ses notes s’arrêtent au 25 du même mois. S’il n’a plus écrit depuis cette date, c’est que, pour une raison ou pour une autre, il avait quitté sa cabane où il n’était resté que treize jours... — Et, ajouta Khamis, il n’est pas possible d’imaginer ce qu’il est devenu. — N’importe, observa Max Huber, je ne suis pas curieux... — Oh ! cher ami, vous l’ètes à un rare degré... — Vous avez raison, John, et pour avoir le mot de cette énigme... — Partons, » se contenta de dire le foreloper. En effet, il n’y avait pas à s’attarder. Mettre le radeau en état de quitter la clairière, redescendre le rio, cela s’imposait. Si, plus tard, on jugeait convenable d’organiser une expédition au prolit du docteur Johausen, de s’aventurer jusqu’aux dernières limites de la grande forêt, cela se pourrait faire dans des conditions plus favorables, et libre aux deux amis d’y prendre part. Avant de sortir de la cage, il convenait d’en

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visiter les moindres coins. Peut-être y trouve­ rait-on quelque objet à utiliser. Il n’y aurait pas là acte d indélicatesse, car, après deux ans d’absence, comment admettre que leur pos­ sesseur reparût jamais pour les réclamer ?...

La cage, en somme bien construite, présen­ tait encore un excellent abri. La toiture de zinc, recouverte de chaume, ayant résisté aux intempéries, protégeait l’intérieur. La fa­ çade antérieure, la seule qui fût treillagée, regardait le nord, moins exposée ainsi aux mauvais vents. Et, probablement, le mobilier, literie, table, chaises, coffre, eût été retrouvé intact, s’il fût resté dans la cage. Or, on l’avait emporté, et, pour tout dire, cela semblait assez inexplicable. Cependant, après ces deux années d’aban­