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J. LERMONT

La beauté du dattier lui a de tout temps valu l’admiration des hommes et presque leurs hommages. C’est lui qu’on représente ordinairement comme le type des palmiers, et c’est pour ainsi dire à son ombre que s’est abrité le berceau des civilisations primitives. Ses feuilles appelées palmes ont donné leur nom à la famille entière. Chez les anciens, ces feuilles symboliques étaient consacrées aux héros victorieux. Plus tard, et par extension de la même idée, ce signe de triomphe devint l’emblème du martyre.

Éd. Grimard.

(La suite prochainement.)


EN FINLANDE

(SOUVENIRS D’UNE JEUNE FILLE)

IV


Noël, Noël, notre grande fête ! Bientôt je ne songeai plus qu’à la joie de me retrouver au milieu des miens. J’avais reçu des lettres de ma famille. On m’attendait avec impatience. Ma petite sœur Elsa m’écrivait d’adorables billets pour me dire de partir « vite, vite, vite » et de prendre au besoin la voiture attelée de rennes du Grand Saint-Nicolas pour arriver plus tôt.

Mon père devait venir me chercher à mi-route ; jusque-là je voyagerais en compagnie d’Hélène, l’une de mes compagnes.

J’avais fort à faire pour préparer des cadeaux de Noël pour tout mon monde ; mes amies de même, et nos récréations se passaient, pendant ces derniers jours, à chercher ensemble « des idées » de surprises nouvelles. Tous les magasins de la ville étaient mis à contribution, et, pour Elsa, en particulier, j’avais découvert quelque chose qui devait la ravir.

Quant à ce qui nous regardait mutuellement, nous autres, les inséparables, nous avions chacune nos projets, que nous nous gardions bien de nous communiquer. Le plus grand charme de ces cadeaux n’est-il pas l’inattendu ?

Autour de nous, on n’y mettait pas tant de façons. Toutes nos compagnes, du moins celles de dix à douze ans, échangeaient à qui mieux mieux ce qu’elles appelaient des lettres de Noël. Un soir, Heddi, par exemple, remettait à son amie Selma, dans le plus profond secret, une lettre rose ou bleue, soigneusement cachetée. Sur l’enveloppe, à côté de l’adresse de Selma, « chez ses parents », il y avait cette recommandation en gros caractères : À ouvrir la veille de Noël, à sept heures du soir.

Le lendemain, Selma, à son tour, abordait Heddi avec des airs mystérieux et lui confiait une lettre analogue, portant injonction semblable. Et comme, plus on pouvait exhiber de ces messages confidentiels, plus on récoltait d’admiration, de gloire ou d’envie en notre petit monde en miniature, comme aussi toute lettre donnée en appelait forcément une autre, sous peine de grave infraction aux lois les plus élémentaires de l’étiquette scolaire, il s’ensuivait que très grande était en ces jours la consommation de papier à lettres et de cire à cacheter.

Tant de lettres étaient remises dès le milieu de décembre ! tant de jours devaient s’écouler avant d’arriver au terme prescrit ! La tentation était par trop forte ; malgré la recommandation expresse du donateur, il arrivait le plus souvent que le sceau était brisé bien avant la veille de Noël.

Que trouvait-on alors sous l’enveloppe, parfois double pour plus de sûreté, trop faible rempart, hélas ! pour la curiosité enfantine ? C’étaient des protestations d’amitié, des souhaits, quelquefois des reproches. Selma me montra celle que lui avait écrite Hélène. La voici, authentique :