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MONOGRAPHIES VÉGÉTALES


Le manioc.
quand elle est sèche, une fécule nourrissante dont l’emploi est général aux Antilles. On appelle couaque la farine obtenue par la dessiccation du manioc ; en la cuisant légèrement, on en fait une sorte de galette appelée pain de cassave. Le tapioca n’est autre chose que la fécule de manioc séchée sur des plaques chaudes et réduite en grains irréguliers. Cette fécule, que tout le monde connaît, est grenue, blanche, demi-transparente, et a une saveur qui rappelle un peu celle de la fève. Le tapioca est très nourrissant. On en fait des potages excellents, des pâtisseries délicates et des gelées qui, par leur légèreté, conviennent aux estomacs faibles ou fatigués.


L’arrow-root (mot anglais qu’on prononce arrô-route, ce qui veut dire racine à flèche, parce que les naturels l’emploient, dit-on, pour détruire l’effet des flèches empoisonnées), l’arrow-root, disons-nous, n’est pas une plante, mais une fécule que l’on extrait de la racine du maranta et de quelques autres plantes de la même famille. Cette plante, originaire des Indes orientales, est cultivée maintenant à la Jamaïque, à la Guyane, etc. L’arrow-root est recommandé en médecine dans les cas d’irritation du canal intestinal. On l’emploie comme nourriture de la première enfance ; elle est saine, nourrissante et rafraîchissante.


Puisque nous sommes dans la série des plantes utiles exotiques, poursuivons-la, avant de revenir à celles de nos zones tempérées.

En tête des végétaux magnifiques qui forment la parure des régions tropicales, se place le palmier dattier (Phœnix dactylifera).

Cet arbre superbe domine surtout dans la vaste zone que coupe en deux le tropique du Cancer entre le douzième et le trente-septième degré de latitude nord. C’est dans les oasis des grands déserts de l’Afrique et de l’Arabie, que s’étendent ces immenses vergers où ondulent à la brise, comme de vastes bouquets de plumes, les longues feuilles pennées qui couronnent de leur parasol les stipes écailleux des dattiers, hauts de vingt à trente mètres. Les fleurs dioïques sont enveloppées d’une spathe. Les fleurs mâles ont de trois à neuf étamines, les fleurs femelles ont trois ovaires dont un seul se développe et produit un drupe appelé datte à chair ferme et sucrée qui entoure un noyau pointu des deux bouts et d’une extrême dureté. Les fleurs sont dioïques, avons-nous dit, c’est-à-dire qu’elles sont mâles sur certains pieds et femelles sur d’autres. Les unes et les autres sortent de l’aisselle des feuilles en longues grappes jaunâtres qui, après la maturation des fruits, s’appellent des régimes de dattes. Dans la vigueur de l’âge, chaque dattier porte annuellement de huit à dix régimes pesant chacun de six à dix kilogrammes. Les dattes fraîches constituent un aliment de luxe auquel on attribue la propriété de favoriser l’embonpoint. Les dattes sèches servent de nourriture essentielle à tous les habitants du Sahara et fournissent un élément notable de l’alimentation dans les autres régions voisines, car elles entrent dans la composition de presque tous les mets, sinon comme base, du moins comme accessoires. À peine sont-elles cueillies, qu’on les met sécher au soleil, puis on les entasse dans des magasins aérés où s’achève leur dessiccation. En cet état, elles peuvent se conserver pendant plusieurs années, alors surtout qu’on les comprime dans ces boîtes que livre le commerce et qui sont connues de tout le monde. Pour l’usage des caravanes, on fait avec les dattes une préparation alimentaire où entre, en même temps que le fruit pilé, une certaine quantité de farine de froment et de beurre fondu. Le tout est enfermé dans une peau de mouton où il se conserve aisément d’une année à l’autre.