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Mais ces attouchements plus mornes et plus las !
Ô ces attouchements de vos pauvres mains moites !
J’écoute vos doigts purs passer entre mes doigts,

Et des troupeaux d’agneaux s’éloignent au clair de lune le long d’un fleuve tiède.


Je me souviens de toutes les mains qui ont touché mes mains.

Et je revois ce qu’il y avait à l’abri de ces mains,

Et je vois aujourd’hui ce que j’étais à l’abri de ces mains tièdes.

Je devenais souvent le pauvre qui mange du pain au pied du trône.


J’étais parfois le plongeur qui ne peut plus s’évader de l’eau chaude !

J’étais parfois tout un peuple qui ne pouvait plus sortir des faubourgs !

Et ces mains semblables à un couvent sans jardin !