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J’entends s’élever dans mes moëlles
Des désirs aux horizons verts,
Et sous des cieux toujours couverts,
Je souffre une soif sans étoiles !

J’entends jaillir dans ma raison
Les mauvaises tendresses noires ;
Je vois des marais illusoires
Sous une éclipse à l’horizon !

Et je meurs sous votre rancune !
Seigneur, ayez pitié, Seigneur,
Ouvrez au malade en sueur
L’herbe entrevue au clair de lune !

Il est temps, Seigneur, il est temps
De faucher la ciguë inculte !
À travers mon espoir occulte
Sa lune est verte de serpents !