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qui a lieu dans ses murs. Si des fleurs imprévues abondent tout à coup, si la colline ou les bords de la rivière resplendissent d’une moisson nouvelle, si la reine est vieille ou moins féconde, si la population s’accumule et se sent à l’étroit, vous verrez s’élever des cellules royales. Ces mêmes cellules pourront être détruites si la récolte vient à manquer ou si la ruche est agrandie. Elles seront souvent maintenues tant que la jeune reine n’aura pas accompli ou réussi son vol nuptial, pour être anéanties lorsqu’elle rentrera dans la ruche en traînant derrière elle, comme un trophée, le signe irrécusable de sa fécondation. Où est-elle, cette sagesse qui pèse ainsi le présent et l’avenir et pour laquelle ce qui n’est pas encore visible a plus de poids que tout ce que l’on voit ? Où siège-t-elle, cette prudence anonyme qui renonce et choisit, qui élève et rabaisse, qui de tant d’ouvrières pourrait faire tant de reines et qui de tant de mères fait un peuple de vierges ? Nous avons dit ailleurs qu’elle se trouve dans « l’Esprit de la ruche » ; mais « l’Esprit de la ruche » où le chercher enfin, sinon dans l’assemblée des ouvrières ? Peut-être, pour se convaincre que c’est là qu’il réside, n’était-il pas nécessaire d’observer si attentivement les habi-