Page:Maeterlinck - La Vie des abeilles.djvu/94

Cette page a été validée par deux contributeurs.

simple d’ensevelir le tout ; et pour ne pas gêner le va-et-vient de l’entrée, elles avaient ménagé dans cette masse encombrante un certain nombre de galeries exactement proportionnées, non pas à leur taille, mais à celle des mâles, qui sont environ deux fois plus gros qu’elles. Ceci, et le fait suivant, ne permettent-ils pas de croire qu’elles arriveraient un jour à démêler la raison pourquoi la reine ne peut les suivre à travers le treillis ? Elles ont un sens très sûr des proportions et de l’espace nécessaire à un corps pour se mouvoir. Dans les régions où pullule le hideux sphinx tête-de-mort, l’Acherontia Atropos, elles construisent à l’entrée de leurs ruches des colonnettes de cire entre lesquelles le pilleur nocturne ne peut introduire son énorme abdomen.

XXVIII

En voilà assez sur ce point ; je n’en finirais point s’il fallait épuiser tous les exemples. Pour résumer le rôle et la situation de la reine, on peut dire qu’elle est le cœur-esclave de la cité dont l’intelligence l’environne. Elle est la souveraine unique, mais aussi la servante royale,