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mènent assez souvent ces ruses hasardées, c’est toujours sur l’admirable sens pratique des abeilles que l’homme compte presque empiriquement, sur le trésor inépuisable de leurs lois et de leurs habitudes merveilleuses, sur leur amour de l’ordre, de la paix et du bien public, sur leur fidélité à l’avenir, sur la fermeté si habile et le désintéressement si sérieux de leur caractère, et surtout sur une constance à remplir leurs devoirs que rien ne parvient à lasser. Mais le détail de ces procédés appartient aux traités d’apiculture proprement dits et nous entraînerait trop loin[1].

  1. On introduit d’ordinaire la reine étrangère en l’enfermant dans une petite cage de fils de fer que l’on suspend entre deux rayons. La cage est munie d’une porte de cire et de miel que rongent les ouvrières lorsque leur colère est passée, délivrant ainsi la prisonnière, qu’elles accueillent assez souvent sans malveillance. M. S. Simmins, directeur du grand rucher de Rottingdean, a trouvé récemment un autre mode d’introduction, extrêmement simple, qui réussit presque toujours et qui se généralise parmi les apiculteurs soucieux de leur art. Ce qui rend d’habitude l’introduction si difficile, c’est l’attitude de la reine. Elle s’affole, fuit, se cache, se conduit comme une intruse, éveille des soupçons que l’examen des ouvrières ne tarde pas à confirmer. M. Simmins isole d’abord complètement et fait jeûner pendant une demi-heure la reine à introduire. Il soulève ensuite un coin de la couverture intérieure de la ruche orpheline et dépose la reine étrangère au sommet de l’un des rayons. Désespérée par son isolement antérieur, elle est