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digne de notre attention. Et, pour le dire en passant, si nous prenions garde à ne pas subordonner notre admiration à tant de circonstances de lieu ou d’origine, nous ne perdrions pas si souvent l’occasion d’ouvrir nos yeux avec étonnement, et rien n’est plus salutaire que de les ouvrir ainsi.

XXI

On se dira que ce sont là des conjectures bien hasardeuses et trop humaines, que les abeilles n’ont probablement aucune idée de ce genre, et que la notion de l’avenir, de l’amour de la race, et tant d’autres que nous leur attribuons, ne sont au fond que les formes que prennent pour elles la nécessité de vivre, la crainte de la souffrance et de la mort et l’attrait du plaisir. J’en conviens ; tout cela, si l’on veut, n’est qu’une manière de parler, aussi n’y attaché-je pas grande importance. La seule chose certaine ici, comme elle est la seule chose certaine dans tout ce que nous savons, c’est que l’on constate que dans telle et telle circonstance, les abeilles se conduisent envers leur reine de telle ou telle façon. Le reste est un