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ver une reine. Pendant deux semaines entières elles en conservèrent l’espoir ; à la fin, lorsque leur nombre était réduit de moitié, leur reine naquit, mais ses ailes étaient si imparfaites qu’elle ne put voler. Quoiqu’elle fût impotente, ses abeilles ne la traitèrent pas avec moins de respect. Une semaine plus tard, il ne restait guère plus d’une douzaine d’abeilles ; enfin, quelques jours après, la reine avait disparu, laissant sur les rayons quelques malheureuses inconsolables. »

XIX

Voici, entre autres, une circonstance, née des épreuves inouïes que notre intervention récente et tyrannique fait subir aux infortunées mais inébranlables héroïnes, où l’on saisit au vif le dernier geste de l’amour filial et de l’abnégation. J’ai plus d’une fois, comme tout amateur d’abeilles, fait venir d’Italie des reines fécondées, car la race italienne est meilleure, plus robuste, plus prolifique, plus active et plus douce que la nôtre. Ces envois se font dans de petites boîtes percées de trous. On y met quelques vivres et on y renferme la reine